Wadii Al Jari, président de la Fédération tunisienne de football (FTF), continue de jouer solo et de gérer le football tunisien comme une ferme familiale, n’en faisant qu’à sa tête et ne supportant pas la contradiction, comme un vrai dictateur. Qui va lui rendre la raison et le remettre à sa place ?
Par Hassen Mzoughi
Dernier abus en date de M. Al Jari : il a prononcé, via un communiqué publié mercredi 18 janvier 2018, la suspension pour une période de deux mois de quatre membres fédéraux : Sinan Ben Saad, Mohamed Habib Mokdad, Bilel Foudhaili et Hanene Sellimi.
Cette sanction fait suite à la publication, lundi 16 juillet, par ces quatre «frondeurs», d’un communiqué accusant le président de la fédération, Wadii Al-Jari, d’avoir violé la loi. Ils ont notamment signalé l’irrégularité des dernières décisions prises par ce dernier, auquel ils reprochent de prendre unilatéralement les décisions relatives à l’organisation des matches amicaux et des stages de l’équipe de Tunisie avant le dernier Mondial, les différents contrats de partenariat, signés sans consulter le bureau fédéral… Les auteurs de ce communiqué ajoutent qu’aucune réunion n’a eu lieu après le Mondial pour faire le bilan de la campagne de Russie.
Ces membres fédéraux ont aussi jugé le limogeage du sélectionneur Nabil Maaloul comme étant illégal car n’ayant pas fait l’objet d’une décision fédérale mais émanant d’un soit disant «comité d’urgence», qui n’avait rien d’urgent en fait, mais qui a été convoqué par Wadii Al Jarii pour doubler le bureau fédéral.
Il veut jouer en catimini !
Deux jours plus tard, Wadii Al Jari a réuni le bureau fédéral pour non seulement sanctionner les 4 «rebelles» mais aussi pour «légaliser» le départ de Nabil Maaloul, ce qui corrobore le grief évoqué par les signataires de la missive.
Sans se préoccuper de la situation calamiteuse du foot tunisien, le président de la FTF fait l’inquisiteur, la chasse aux opposants. Il veut par tous les moyens, y compris un autoritarisme d’une autre époque, rester le seul acteur du jeu, encouragé par le suivisme irresponsable de plusieurs membres de la FTF. Et plus cynique encore, il joue en catimini, cherche à ne pas étaler les «affaires» sur la place publique, en confiant à quelques fidèles partisans au sein du bureau fédéral la tâche de «noyer les dossiers».
Pour Wadii Al Jarii, le football tunisien n’est finalement pas sa tasse de thé. Lui, il regarde ailleurs, vers la Confédération africaine de football (CAF), voire la députation ou encore le ministère de la Jeunesse et du Sport, sans se préoccuper des urgences du football tunisien. Sait-il, par exemple, que la Tunisie n’a qu’un seul stade de foot homologué sur le plan international, en l’occurrence le stade de Radès? Sait-il que le vieux stade d’El Menzah de 45.000 places est déclaré en danger depuis 2012? Et que pour le réparer, le coût estimé était de 7 millions de dinars tunisiens (MDT) en 2012… Cinq ans plus tard, en 2017, le coût des travaux d’aménagement a grimpé à 11 MDT… Et toujours pas de subventions pour le mettre à niveau, alors que ce Wadi Al Jari fait toujours le fanfaron en affirmant que la Tunisie a réussi son Mondial et Maaloul a rempli sa mission !
D’ailleurs que va-t-il faire des 22 MDT, prime du Mondial versée par la Fifa? Il ne le dira jamais.
Il va sortir le lapin de son chapeau
Comme il ne peut jamais proposer un plan de sortie de crise, comme il n’est pas crédible auprès des techniciens et des dirigeants, ainsi que de ses collaborateurs, le président de la FTF continue de brasser du vent en multipliant jusqu’à l’infini et pour des futilités, comités et commissions inter-fédérales. Résultat, la FTF s’enfonce dans l’immobilisme et le foot dans la crise. Sans que le directeur technique de la FTF, Youssef Zouaoui, lui aussi complice, ne lève le petit doigt !
Passons sur les magouilles du championnat avec une direction des arbitres largement sous son influence, sur l’explosion de la violence dans les stades, sur le régionalisme –Wadii Al Jari se vante d’avoir fait placer 7 clubs du sud en Ligue 1, particulièrement Ben Guerdane, sa ville natale –. Passons sur l’absence d’un vrai projet sportif, mais l’équipe de Tunisie suffit à montrer l’étendue des dégâts de la gestion Wadii Al Jari.
Il se hâte de sanctionner des membres fédéraux comme si le crédit et l’autorité de la FTF tiennent à la mise à l’écart de ces «brebis galeuses». Mais qu’a-t-il fait pour la nouvelle étape?
La page Nabil Maaloul désormais tournée, à la hâte, le président de la FTF a chargé un comité restreint composé de 3 membres fédéraux et du directeur technique pour déterminer un profil du futur sélectionneur et proposer une liste de candidats au poste.
Le choix de la méthode laisse à désirer : confier à 3 membres fédéraux le soin de dégager un profil et d’établir une liste de candidats potentiels au poste de sélectionneur n’a rien de perspicace. Surtout que Wadii Al Jarii va décider en dernier lieu. Comme il l’a fait pour Nabil Maaloul. Ainsi, ce sera toujours la même méthode : lui seul va sortir le lapin de son chapeau.
Espérons que ce ne sera pas une nouvelle erreur de casting catastrophique ! On y reviendra…
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