Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, n’a pas été très inspiré en acceptant de nommer un dirigeant d’Ennahdha, en l’occurrence Anouar Maarouf, à la tête d’un ministère aussi sensible que celui des Technologies de la communication et de l’Economie numérique.
Dans une démocratie naissante, ce département de souveraineté par excellence, de par sa transversalité, aurait dû revenir à une personnalité indépendante et compétente, et ce, au regard des enjeux que représentent la digitilisation et la production de données en général dans l’accélération du développement de tous les secteurs du pays et l’amélioration de la transparence.
En plus des problèmes sérieux qu’il connait avec le personnel et les syndicats de son département, Anouar Maarouf est accusé, entre autres par le Front populaire, d’avoir transmis à son parti, lors des dernières municipales, de précieuses données sur les électeurs pouvant voter pour les listes du parti islamiste tunisien.
Parmi les grands projets sur lesquels travaille Anouar Maarouf figure une application devant permettre, une fois mise au point, d’identifier les véritables propriétaires des 8 millions de téléphones mobiles utilisés en Tunisie.
Cette application, pour peu qu’elle tombe en exclusivité – si elle n’est pas déjà tombée – dans les mains du parti Ennahdha, pourrait aider à orienter les échéances électorales de 2019 aux dépens des concurrents du parti islamiste.
D’ailleurs, en prévision du jour «J», Anouar Maarouf a fait le vide autour de lui. Parmi ses principales réalisations à la tête de ce ministère, le limogeage de trois des meilleurs cadres du secteur : Nizar Bouguila, ancien Pdg de l’Office Tunisie Telecom, Moez Chakchouk, ancien directeur général de la Poste tunisienne, et Adel Bouhoula, ancien directeur général du Centre national d’informatique (CNI). Cela pour dire qu’il y a un loup dans la bergerie (ici le gouvernement). On l’aura dit avant 2019.
Khémaies Krimi
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