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Football : Faouzi Benzarti, un vétéran frustré pour quel challenge ?

Désigné nouveau sélectionneur de l’équipe de Tunisie de football pour deux ans renouvelables, avec pour objectif les quarts de finale de la Coupe d’Afrique des nations au Cameroun en 2019, Faouzi Benzarti a tout gagné avec les clubs mais ses deux passages en sélection en 1994 et 2011 sont d’une affligeante pauvreté.

Par Hassen Mzoughi

Le doyen des entraîneurs tunisiens (68 ans et demi), le technicien au long cours qui a dirigé 14 clubs et 2 équipes nationales (Tunisie et Libye) en plus de 40 ans, de 1977 à 2018, doit sa cote de célébrité à l’Espérance sportive de Tunis (EST), le club où il a passé le plus clair de sa carrière. Il est le plus capé de Tunisie (18 titres nationaux et continentaux). En plus de 9 titres de champion de Tunisie, il a glané une Ligue des champions avec l’Espérance, deux Coupes de la Confédération en 2006 et 2015 avec l’Etoile sportive du Sahel (ESS) et 2 Super coupes africaines en 1995 avec l’Espérance et 2018 avec le Wydad Casablanca.

Aucune victoire en sélection !

Seulement sa récente nomination à la tête de l’équipe de Tunisie n’a pas emporté l’adhésion de tous, empressons-nous de le dire. S’il fallait un entraîneur «tout terrain», Faouzi Benzarti est l’homme indiqué, mais pour une bonne partie de l’opinion, c’est un technicien qui avait eu sa chance en 1994 et 2010. Sans réussite ! C’est un «vieux routier», qui va croiser, 24 ans après, un autre vétéran, plus vieux que lui de 4 ans, Youssef Zouaoui (72 ans), l’actuel directeur technique de la Fédération tunisienne de football (FTF).

Cet entraîneur qui a démarré sa carrière au Club olympique Sidi Bouzid (COSB) en 1977, a dirigé la sélection à deux reprises. Sans remporter aucune victoire en 4 matches officiels en 1994 et 2010. La première fois en phase finale de la CAN 1994 organisée en Tunisie. Appelé après la défaite devant le Mali (2-0), en match d’ouverture pour remplacer Youssef Zouaoui, il n’a pas réussi à qualifier l’équipe de Tunisie pour le deuxième tour après le nul concédé devant l’ex-Zaire (1-1).

En 2010, Benzarti a de nouveau échoué à qualifier la Tunisie au deuxième tour de la CAN en Angola après 3 nuls successifs devant la Zambie (1-1), le Gabon (0-0) et le Cameroun (2-2). Sans compter une défaite dans le seul match amical contre la Gambie (1-2).

Un anti Maaloul

Nommé pour la troisième fois à un poste dont il a toujours rêvé et qui lui a causé bien des déceptions, Faouzi Benzarti c’est d’abord l’anti Maaloul. Ce n’est pas un hâbleur comme son prédécesseur qui passe le plus clair du temps à parloter avec les médias et les joueurs.

Faouzi Benzarti c’est surtout un stakanoviste qui privilégie l’entraînement physique, le contraire de Maaloul, l’homme qui prône le travail technique et accorde aux joueurs beaucoup de phases de repos pendant la préparation. Il y avait «l’entraînement mais trop de repos. Les joueurs étaient souvent à l’hôtel pour profiter des plages de récupération pour jouer à la console, au ping-pong, au bowling», témoigne Ellyes Skhiri, le milieu de terrain de l’équipe de Tunisie, titulaire lors des 3 matches du premier tour du Mondial en Russie.

Quel visage pour l’équipe de Tunisie sous la baguette de Benzarti ? 

Une chose est certaine, l’opinion publique a encore à l’esprit la mauvaise préparation du Mondial 2018, la cascade de blessures (une dizaine de joueurs majeurs invalides depuis avril 2018 dont certains ont étrangement été retenus pour la Russie), le choix de la liste des 23, les fanfaronnades de l’entraîneur, fredonnant partout le passage de la Tunisie en quart de finale, avant de déjouer lamentablement contre l’Angleterre (1-2) et la Belgique (2-5), la condition physique précaire et les blessures des joueurs, à cause du jeûne de ramadan, les options attentistes de Maaloul contre les Anglais et les Belges, bref autant de flops que Wadii Al Jarii aime camoufler par la victoire tunisienne… 40 ans après l’Argentine. N’a-t-il pas affirmé que «l’équipe de Tunisie a réussi à 80% en Russie»? Il est sans doute le seul, en Tunisie et dans le monde, à le penser !

Si à son avis, la victoire contre le Panama permettra de démarrer une nouvelle étape, il se trompe lourdement et, plus curieux encore, Faouzi Benzarti le conforte dans cette étrange approche.

Un aveu de stagnation

Le vrai challenge du nouveau sélectionneur, en plus de la performance, c’est la gestion du groupe, qui est ici différente de celle d’un club. Faouzi Benzarti a toujours fonctionné par rapport à un club, mais avec le passage en sélection, la différence est fondamentale : contrairement au club, il n’a pas le temps de faire travailler les joueurs mais doit être capable de les faire jouer ensemble. Cela implique une grosse souplesse mentale de sa part. Sa méthode «cassante», parfois rejetée en clubs, ne marchera jamais en sélection, notamment par rapport à des joueurs formés à l’étranger. Sur cet aspect délicat des rapports avec l’équipe, Faouzi Benzarti devrait savoir raison garder!

Revenons à la performance qui reste la vraie raison d’investir dans les hommes. Faouzi Benzarti a été nommé au poste de sélectionneur parce que Wadi Al Jarii l’estime tout à fait capable de conduire l’équipe de Tunisie. Pour quel objectif?

À en croire le président de la FTF, Faouzi Benzarti aura les mêmes avantages de son prédécesseur dont un salaire mensuel net de 34.000 dinars tunisiens (DT). Mais, remarque importante, le contrat, poursuit le président de la FTF, «ne comprend pas des objectifs précis». Les quarts de finale de la coupe d’Afrique des Nations 2019 suffiraient au bonheur de Wadii Al Jarii.

Objectif tout à fait timide pour une sélection qui a récemment occupé la première place continentale d’une part, et d’autre part non conforme à la «carrure» du coach et à son salaire qui serait, dans ce cas, relativement excessif. Après plusieurs quarts de finale en CAN, se contenter d’un énième top 8 l’année prochaine serait un aveu de stagnation, d’une crainte de mal faire, bref attitude de peur.

Après avoir laissé tomber un salaire 5 fois supérieur au Wydad, Faouzi Benzarti a-t-il accepté le poste pour jouer la… 8e place africaine? Si oui, il aurait raté le but et son retour en sélection n’aurait aucune signification.

Equipe de Tunisie : le staff technique de Faouzi Benzarti

Tunisie : Faouzi Benzarti, nouveau sélectionneur national

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