Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a survécu aux tentatives de son parti et des syndicats pour le forcer à quitter le pouvoir, mais les élections qui approchent semblent compromettre la mise en œuvre des réformes économiques programmée.
Analyse de l’agence Reuters
La semaine dernière, Nidaa Tounes a suspendu l’adhésion de M. Chahed après une campagne menée contre lui par le chef du parti, le fils du président Béji Caïd Essebsi.
Chahed a garanti suffisamment de soutien au parlement pour écarter un possible vote de censure, en travaillant avec le parti islamiste Ennahda, qui fait partie de la coalition gouvernemental, et plusieurs autres députés, dont dix rebelles de Nidaa Tounes. Mais son capital politique est aujourd’hui gravement entamé.
En se maintenant au pouvoir pendant plus de deux ans, Chahed est devenu celui qui a le plus duré parmi les neuf chefs du gouvernement tunisiens depuis la révolution démocratique du printemps arabe en 2011.
Il a imposé des mesures d’austérité et des réformes structurelles, telles que la réduction des subventions sur les carburants, qui a permis de financer un prêt de 2,8 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI) et d’autres aides financières.
Chahed est bien vu par les partenaires occidentaux de la Tunisie
Les partenaires occidentaux le considèrent comme la meilleure garantie de stabilité dans une démocratie naissante, qu’ils cherchent désespérément à consolider, notamment comme rempart contre l’extrémisme islamiste.
Pourtant, l’économie et le niveau de vie continuent de souffrir: l’inflation et le chômage atteignent des niveaux record et les biens de consommation tels que les médicaments ou même les produits de base tels que le lait sont souvent rares ou tout simplement inabordables pour beaucoup.
Au cours des derniers mois, l’ancien agronome de 43 ans s’est attaché à conserver son poste alors que son parti commence à lorgner sur les élections présidentielles et législatives dans un an.
La marge de manœuvre qu’il a gagnée est au mieux temporaire; Ennahdha, tout en le soutenant pour le moment, dit qu’il ne le soutiendra pas pour être à nouveau Premier ministre après les élections.
De manière plus pressante, la puissante Union générale tunisienne du travail (UGTT) a appelé, jeudi 20 septembre 2018, à une grève du secteur public, le 24 octobre prochain, pour protester contre les projets de privatisation de Chahed.
Des réformes douloureuses très difficiles à mettre en oeuvre
Ce mois-ci, le gouvernement a de nouveau augmenté les prix de l’essence et de l’électricité pour garantir le déblocage de la prochaine tranche de prêt, d’une valeur de 250 millions de dollars, que le FMI devrait approuver la semaine prochaine.
Mais le FMI veut également qu’il réduise une masse salariale publique qui représente 15% du PIB, l’un des taux les plus élevés au monde.
C’est peut-être le genre de tâche qui dépasse Chahed pour le moment, alors que son parti tente d’éviter la perdre les élections de l’an prochain au profit d’Ennahdha, la force politique dominante en Tunisie depuis 2011,.
«Chahed peut bénéficier du soutien d’Ennahdha et de dizaines de députés pour gagner à nouveau le vote de confiance du parlement – mais je ne suis pas sûr qu’il pourra adopter de douloureuses réformes», a déclaré le journaliste et analyste Jamel Arfaoui. «Cela signifie que les réformes ne seront pas mises en œuvre l’année prochaine», a-t-il ajouté.
Texte traduit de l’anglais par Imed Bahri
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