En Tunisie, les élections se suivent et se ressemblent, enregistrant à chaque fois de forts taux d’abstention. Les électeurs préfèrent voter par leurs pieds en cherchant, par tous les pays, de quitter le pays et d’émigrer partout où c’est possible.
Par Wael Mejrissi
L’ambassade américaine à Tunis a annoncé hier, mercredi 3 octobre 208, sur sa page Facebook, que les inscriptions pour l’obtention de la greencard dans le cadre de la célèbre loterie annuelle de l’immigration sont ouvertes.
Nul de doute que cette opération va avoir un immense succès dans tout le pays et les raisons sont nombreuses. Indépendamment d’un chômage endémique et d’un système de santé en pleine déliquescence, sans parler du pouvoir d’achat qui se désintègre littéralement au fil du temps, les Tunisiens sont prêts à émigrer partout dans le monde et le mirage américain restera, aux yeux des Tunisiens, un moindre mal face à une précarité persistante au pays du jasmin.
Tous les prétextes sont bons pour quitter la Tunisie
L’impatience et l’espoir du peuple tunisien l’amènent désormais à chercher à quitter coûte que coûte sa famille et sa patrie même si ça doit se faire au prix d’un déchirement pour s’émanciper socialement et même humainement.
La greencard américaine, une carte de séjour française ou un contrat de travail au Qatar, tout est bon pour quitter la Tunisie pour peu qu’on ait un diplôme ou une expérience professionnelle valorisante ou les deux à la fois.
C’est ainsi que nous voyons avec impuissance les médecins, les infirmiers, les ingénieurs, les comptables, les informaticiens, des deux sexes, quitter la Tunisie à l’assaut d’opportunités que leur terre natale n’a pu leur offrir.
La fuite des cerveaux tunisiens n’a donc pas fini d’enfoncer notre pays dans les affres de l’abîme alors que sur les six dernières années, les diplômés ont déjà été au nombre de 94.000 selon l’OCDE à quitter le territoire national pour une vie meilleure.
Un non-retour sur investissement absolument vertigineux
Rappelons que l’éducation nationale dépense par étudiant entre 5000 et 10.000 dinars par an, ce qui représente un non-retour sur investissement absolument vertigineux et tout à fait observable par nos services publics exsangues pour qui les mots rendement ou compétition internationale sont des notions lointaines.
Le redressement économique et social de notre pays est décidément une équation bien difficile à résoudre et ce n’est pas notre président pas loin du centenaire qui va relever ce défi crucial de ramener toutes ces compétences au bercail. Car un pays qui se vide de sa population est un pays à l’agonie que seul un sursaut d’orgueil peut sauver du néant vers lequel il se dirige.
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