Rached Ghannouchi et Youssef Chahed.
Dans une déclaration aux médias, dimanche 28 octobre 2018, Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, a indiqué que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, n’a toujours pas indiqué s’il compte présenter sa candidature aux présidentielles de 2019, avant de lâcher : «Âla rahtou» (traduire : «à son aise»).
Est-ce à dire que Rached Ghannouchi a désespéré d’obtenir cet engagement de Youssef Chahed ou qu’il s’est enfin résigné à accepter son éventuelle candidature à la présidentielle ou qu’il n’a plus vraiment de veto à lui opposer ?
La formule de M. Ghannouchi est vague et ne permet pas de conclure à un changement dans la position d’Ennahdha vis-à-vis d’une éventuelle candidature de M. Chahed à la présidentielle. Elle indique cependant un changement possible de cette position, à la lumière des évolutions en cours et, surtout, du raidissement récent de Nidaa Tounes. Le parti de Hafedh Caïd Essebsi semble, en effet, vouloir reprendre la rengaine de l’hostilité à Ennahdha qui lui a valu de gagner les élections de 2014.
Il convient de rappeler, à ce propos, que les dirigeants islamistes ne cessent, depuis des mois, d’appeler le chef du gouvernement à ne pas présenter sa candidature aux élections présidentielles de l’année prochaine, de manière à donner ainsi plus de chance à leur chef de briguer un mandat présidentiel pour couronner sa longue carrière politique, sachant que M. Chahed est, selon les derniers sondages d’opinion, la personnalité la plus populaire dans le pays, alors que le cheikh peine à figurer dans le top 10 des personnalités politiques susceptibles d’être portées à la présidence.
Les islamistes ont d’ailleurs jusque-là conditionné leur soutien au gouvernement d’union nationale à l’engagement de son chef à ne pas se porter candidat à la présidentielle. Et ce contre la volonté du président de la république, Béji Caïd Essebsi, et de son fils, Hafedh, directeur du comité politique de Nidaa Tounes, ainsi que de Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui, eux, exigent le changement du gouvernement, à commencer par son chef.
E. B. A.
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