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Ennahdha et Nidaa foutent la gabegie dans la diplomatie tunisienne

Sofiene Toubal, Slim Riahi, Hafedh Caïd Essebsi et Mohamed Ben Mahmoud El-Ali.

La Tunisie a longtemps évité d’être impliquée dans le conflit opposant l’Arabie Saoudite et le Qatar mais voilà que les partis Ennahdha (Rached Ghannouchi) et Nidaa Tounes (Hafedh Caïd Essebsi) en font une affaire intérieure tunisienne, comme si la Tunisie n’a pas assez de problème ainsi.

La bourde commise par le président du parti islamiste tunisien, lors d’un discours à Hammamet, samedi dernier, 27 octobre 2018, n’est pas passé inaperçue, auprès des médias et des acteurs politiques. M. Ghannouchi a comparé Mohamed Bouazizi, le vendeur ambulant qui s’est immolé par le feu et déclenché ainsi les émeutes ayant abouti à la révolution de janvier 2011, en Tunisie, au journaliste Jamal Khashoggi, tué le 2 octobre dernier, par des cadres des renseignements saoudien, au consulat de son pays à Istanbul. Ce qui, on l’imagine, exprime le souhait du chef islamiste de voir une révolution éclater bientôt en Arabie saoudite.

M. Ghannouchi, dont l’alignement sur l’émirat du Qatar est un secret de polichinelle, s’est ainsi positionné, clairement, dans le camp hostile à l’Arabie saoudite et, en sa qualité de chef d’un parti au pouvoir en Tunisie, a impliqué son pays dans ce conflit régional qui empoisonne les relations entre les pays du Golfe.

Les dirigeants de Nidaa Tounes, qui sont soucieux de marquer leurs différences et leurs divergences avec Ennahdha, ont cru devoir commettre une… contre-bourde. C’est ainsi que Hafedh Caïd Essebsi (président du comité politique de Nidaa), Slim Riahi (secrétaire général), Sofien Toubal (président du bloc Nidaa) et Ons Hattab (porte-parole) ont rendu visite, hier, jeudi 1er novembre, à l’ambassadeur saoudien en Tunisie, Mohamed Ben Mahmoud El-Ali. Et cette visite de courtoisie, qui s’inscrit dans une guéguerre tuniso-tunisienne, entre deux anciens alliés devenus des ennemis jurés, a eu pour conséquence d’impliquer la Tunisie dans un conflit qui ne la concerne pas et dont elle aurait beaucoup gagné à rester à l’écart.

Au lendemain de la bourde de M. Ghannouchi, le ministère des Affaires étrangères a dû se fendre d’un communiqué pour souligner la neutralité de la Tunisie dans le conflit opposant les pays du Golfe et son attachement à ses bonnes relations avec l’Arabie saoudite. La diplomatie tunisienne va-t-elle être obligée, aujourd’hui, de se fendre d’un autre communiqué pour réparer la contre-bourde de Hafedh Caïd Essebsi et sa smala ?

Ainsi va la politique en Tunisie : une foire d’empoigne où des amateurs se marchent sur les pieds et foutent la gabegie.

E. B. A.

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