Jihad Azour/Youssef Chahed.
La Tunisie devrait s’atteler à mieux contrôler la masse salariale du secteur public afin d’éviter que les problèmes de l’endettement et les déficits budgétaires du pays ne deviennent difficilement gérables.
Par Marwan Chahla
Telle a été l’opinion que vient d’exprimer Jihad Azour, le directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale au Fonds monétaire international (FMI), dans une interview accordée à l’agence Reuters. Le haut responsable du Fonds réagissait, dans cet entretien, à l’accord auquel sont parvenus, fin octobre, le gouvernement de Youssef Chahed et l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) sur l’augmentation des salaires d’environ 150.000 employés du secteur public et la promesse de ne pas privatiser des entreprises nationales…
Réduire les pressions sur le contribuable tunisien
«Il est très important que le gouvernement [tunisien] garde les dépenses courantes sous contrôle et qu’il maîtrise mieux la masse salariale du secteur public», a averti M. Azour, ajoutant que pareilles mesures «devraient permettre au gouvernement tunisien d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixé pour 2019. Cela aurait également pour conséquence de réduire les pressions supplémentaires qu’aurait à subir le contribuable tunisien, du fait de ces augmentations de dépenses.»
Pour Jihad Azour, la voie serait indiquée: le gouvernement tunisien devrait adopter une «politique fiscale beaucoup plus prudente» qui devrait lui permettre de réduire progressivement son déficit budgétaire et ramener ce dernier à des niveaux supportables par l’économie tunisienne.
L’avis du FMI est important pour la Tunisie, car notre pays reçoit des aides de l’institution de Bretton Woods conditionnées par des réformes économiques nécessaires. Pour rappel, le 28 septembre dernier, le FMI a donné son accord pour le décaissement de 245 millions de dollars en faveur de la Tunisie, au titre de la cinquième revue du programme du mécanisme élargi de crédit (MEDC). Les pourparlers, à l’occasion du décaissement de cette cinquième tranche du programme d’aide de 2,8 milliards de dollars, approuvé en 2016, ont été difficiles.
Le gouvernement de Youssef Chahed n’est pas au bout de ses peines, car il est encore confronté à la pression de l’UGTT, qui réclame que les salaires de près de 650.000 employés de la fonction publique soient, eux aussi, augmentés et menace d’une grève le 22 novembre 2018…
Resserrer davantage sa politique monétaire
Hier, lundi 12 novembre 2018, s’adressant aux membres de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), lors de la plénière sur le vote de confiance à 18 nouveaux membres de son équipe, le Premier ministre Youssef Chahed a déclaré : «J’espère que nous parviendrons avec l’UGTT à un accord sur les agents du secteur public qui améliorera le pouvoir d’achat de cette catégorie d’employés et tiendra compte de la situation financière du pays.»
Le mois dernier, le FMI a insisté auprès de la Banque central de Tunisie (BCT) pour qu’elle resserre davantage sa politique monétaire afin de maîtriser l’inflation, mais la BCT a décidé, à partir de novembre, de maintenir inchangé son taux directeur à 6,75%.
Jihad Azour, qui a déclaré qu’il était important pour la Tunisie de lutter contre l’inflation et de maintenir un niveau adéquat de réserves de devises étrangères, reconnaît également que le gouvernement tunisien est confronté à la tâche complexe de trouver les équilibres nécessaires entre de nombreuses exigences, notamment celles de l’investissement pour répondre aux préoccupations sociales et améliorer le climat des affaires.
«Nous allons devoir mener notre action sur plusieurs fronts», a dû admettre le responsable du FMI.
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