Le parti islamiste, qui s’était fermement opposé à l’audition des ministres de l’Intérieur et de la Défense à propos des révélations du comité de défense de Belaïd et Brahmi, se dit irrité d’être accusé de ces assassinats politiques perpétrés en 2013 par des extrémistes religieux.
Plusieurs députés Ennahdha ayant pis la parole aujourd’hui, lundi 19 novembre 2018, lors de l’audition des ministres Hichem Fourati (Intérieur) et Karim Jamoussi (Défense), ont déploré que cette séance plénière soit publique et dénoncé, par la même occasion, qu’on accuse leur parti d’être lié aux assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
Le député Samir Dilou a indiqué qu’Ennahda est le premier à vouloir que la vérité éclate dans ces affaires, afin de mettre fin aux accusations dont il fait l’objet et qu’il estime être infondées. «Le procureur de la république de la chambre 12 en charge des ces affaires travaille sous la pression médiatique et politique. Pourquoi attendre que la justice tranche, puisque des médias se permettent d’accuser Ennahdha et des verdicts sont prononcés dans des hôtels lors des conférences de presse», a-t-il dit, en appelant la justice à être neutre et indépendante.
De son côté, Mohamed Ben Salem a assuré que si Ennahdha était derrière Mustapha Ben Khedher, il n’aurait pas été arrêté en décembre 2013 lorsque qu’Ennahdha était au pouvoir. «Comment Ennahdha aurait permis l’arrestation de quelqu’un qu’on présente comme chef de son organisation secrète? Ça ne tient pas la route et c’est donc un pur mensonge. Cette histoire est tirée par les cheveux», a-t-il dit, en accusant le comité de défense de Belaïd et Brahmi de chercher à perturber la transition démocratique.
«Cessez d’accuser Ennahdha, nous serons ravis de connaître la vérité ! Nous avons confiance en la justice et en nos forces sécuritaires, contrairement à d’autres qui ne croient en personne et qui ne croient pas à la démocratie et dont l’idéologie est basée uniquement sur le combat et qui s’en prennent aujourd’hui à la justice, au chef du gouvernement et à tout le monde pour nous empêcher de construire une vraie démocratie en Tunisie. Arrêtez d’accuser Ennahdha», a-t-il insisté.
Mohsen Soudani : «Ceux qui se rapprochent de nous meurent d’une façon ou d’une autre…»
Ses autres collègues, Naoufel Jammali, Fathi Ayadi, Farida Laabidi, Sahbi Atig, Ajmi Lourimi, ou encore Bechir Khelifi, pour ne citer qu’eux, ont tenu le même discours, assurant eux aussi qu’Ennahdha est attaché à la vérité dans les affaires d’assassinats : «C’est une campagne électorale menée par un parti, qui envie notre réussite. D’abord, on a gagné les élections de 2011 et 2014 actuellement nous faisons parti du gouvernement et nous sommes la majorité parlementaire, puis on a aussi gagné les élections municipales, il fallait bien qu’ils inventent quelque chose pour nous barrer la route», ont-ils dit.
«Ils ne faut pas voiler la vérité et lancer des accusations infondées et cette démarche ne mènera à rien. Ceux qui se rapprochent de nous meurent d’une façon ou d’une autre. Je parle bien de mort politique, évidemment», a lancé Mohamed Mohsen Soudani, en assurant que le peuple tunisien ne fait pas une priorité de la révélation de la vérité dans ces assassinats et qu’il aurait fallu que la plénière ne soit pas publique.
Cette mobilisation des députés d’Ennahdha sur cette question prouve s’il en est besoin qu’ils sont excédés ou gênés par le fait que le nom de leur parti y soit souvent associé.
Y. N.
Ministère de l’Intérieur : Du nouveau dans l’affaire Khedher
Donnez votre avis