Des employés manifestent devant le siège de la BFT, à Tunis.
Nouveau rebondissement dans l’affaire de la Banque franco-tunisienne (BFT) opposant le gouvernement tunisien au fonds d’investissement néerlandais ABCI: un administrateur provisoire vient d’être nommé à la tête de cette banque en grande difficulté.
Par Imed Bahri
C’est le comité de résolution de l’affaire BFT, constitué en août dernier, à l’initiative du gouvernement, et composé de représentants des principales parties prenantes (ministère des Finances, Banque centrale de Tunisie, Société tunisienne de banque et BFT), qui a désigné cet administration provisoire.
Il s’agit d’un ancien dirigeant de la Biat à la retraite, qui prendra ses fonctions lundi prochain, 3 décembre 2018. Il aura pour mission d’évaluer la situation de la banque et de trouver une solution, en vue de la renflouer ou de la… liquider. Mais personne n’est dupe, c’est de liquidation qu’il s’agit en réalité.
En fait, les opérations de la banque sont arrêtées depuis décembre 2015, suite à une décision prise par le gouvernement de l’époque, dirigé par Habib Essid, à l’initiative de l’ancien gouverneur de la BCT, Chedly Ayari. On a demandé aux clients de fermer leurs comptes, ce qui a été fait, privant la banque de toute ressource et l’a plaçant dans une situation de quasi-cessation d’activité.
Parallèlement, on n’a rien fait pour tenter de recouvrer les créances auprès des débiteurs, dont certaines remontent à une trentaine d’années. Ces créances, qui s’élevaient à 900 millions de dinars tunisiens (MDT), en 2015, ont du atteindre aujourd’hui 1.500 MDT. Le but de la manœuvre est-il d’effacer cette ardoise et de soulager ainsi les opérateurs privés qui se reconnaîtront et qui sont à l’origine de la faillite de la banque ?
Ce sera, on s’en doute, l’issue recherchée par les autorités financières et politiques tunisiennes, qui ont mal géré, jusque-là, les affaires de cette banque, la laissant dépérir, alors qu’elle se trouve au centre d’un litige opposant, depuis une trentaine d’années, le gouvernement tunisien au fonds d’investissement ABCI.
Ce litige, on le sait, est examiné par le Centre international de règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi), relevant de la Banque mondiale, et qui risque de prononcer un verdict accablant pour l’Etat tunisien, au risque d’affecter l’image de la destination Tunisie après des éventuels investisseurs étrangers. Lesquels, d’ailleurs, ne se bousculent plus au portillon.
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