Sayida Ounissi et Ahmed Gaaloul : sous le masque avenant, le même dessein obscurantiste.
Qui a dit qu’Ennahdha a changé ? Le parti islamiste continue d’avancer masqué. Et ne rate aucun moment de relâchement de l’attention des laïcs pour occuper des sphères stratégiques pour la réalisation de ses sinistres projets extranationaux : l’instauration du 6e califat et l’application de la chariâa.
Par Khémaies Krimi
Les Tunisiens avertis se rappellent encore la fameuse discussion qui a eu lieu, au temps de la Troïka, l’ancienne coalition conduite par le parti islamiste Ennahdha, en 2012, entre Abdelfattah Mourou, co-fondateur et vice-président du parti Ennahdha et actuel vice-président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), et le prédicateur salafiste égyptien Wajdi Ghanim, actuellement réfugié en Turquie.
Dans la vidéo de cette discussion, M. Mourou avait décliné la stratégie de son mouvement pour se débarrasser, sur le long terme, des laïcs et instaurer la chariâa dans le pays. Il avait déclaré en substance à propos des laïcs: «Ce sont nos adversaires, mais nous ne devons pas afficher notre hostilité, parce que nous visons leurs fils, leurs femmes, et leurs petits-enfants. Leurs fils et leurs filles sont chez nous aujourd’hui. Notre but est de séparer la pensée des enfants de celles des parents».
Cette déclaration du dirigeant nahdhaoui, considéré à tort comme le partisan d’un islam light, revient à l’esprit après les nouvelles nominations de ministres nahdhaouis à la tête de départements en relation directe avec les jeunes.
À la formation professionnelle, il y a anguille sous roche
Il s’agit particulièrement de la nomination de Sayida Ounissi comme ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi et d’Ahmed Gaâloul comme secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Jeunesse et du Sport, chargé du Sport.
Ces nominations à la tête de ces deux départements sont considérées par les troupes d’Ennahdha comme des conquêtes («ghazouas») pour utiliser leur sinistre terminologie.
Il convient de rappeler, à ce propos, que, depuis 2015, sur quatre ministres qui se sont succédé à la tête de la Formation professionnelle et de l’Emploi, trois sont des nahdhaouis : Zied Ladhari du 6 février 2015 au 27 août 2016, Imed Hammami du 27 août 2016 au 6 septembre 2017 et Sayida Ounissi depuis le 5 novembre 2018.
Faouzi Abderrahmane du parti libéral Afek Tounès, nommé à ce poste du 6 septembre 2017 au 14 novembre 2018 a, semble t-il, perturbé les calculs d’Ennahdha, en essayant de fouiller certains dossiers compromettants. C’est pour cette raison qu’il aurait été écarté sans ménagement de ce poste. L’intéressé n’a pas communiqué à ce sujet, mais on ne peut raisonnablement écarter cette explication du limogeage surprenant de M. Abderrahmane. Il y aurait donc anguille sous roche.
Par ailleurs, dans une vidéo diffusée dernièrement par l’émission ‘‘Caméra Houssem’’ sur la chaîne privée Attessia TV, une émission très suivie calquée sur ‘‘Le Petit Journal’’ de Canal+, Sayida Ounissi a été surprise en train de s’entretenir avec Anouar Maarouf, ministre nahdhaoui des Technologies de l’information et de l’Economie numérique, lui demandant de présenter au Cheikh, par allusion à Rached Ghannouchi, des personnes qu’elle estime «sûres et bonnes» , entendu pour la bonne cause nahdhaouie.
La liste des occasions au cours desquelles les penchants sectaires des responsables islamistes est loin d’être finie. Cela pour dire que cette dame est davantage au service de l’idéologie moyenâgeuse de son parti que des intérêts de la Tunisie et des Tunisiens. Et en cela, sous son apparence avenante et lisse, elle est aussi dangereuse que ses «frères islamistes».
Le département des Sports sous la coupe des salafistes
L’autre nahdhaoui entré au gouvernement à la faveur du dernier remaniement, Ahmed Gaâloul, nouveau secrétaire d’Etat chargé des Sport. Dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, ce haut responsable en charge d’encadrer les jeunes générations tunisiennes se révèle un salafiste notoire, à l’instar de son père spirituel Rached Ghannouchi auprès de qui il a occupé le poste de «conseiller chargé du dossier de la jeunesse et des sports». Il a été également conseiller chargé de la jeunesse et du sport de 2012 à 2014 auprès des deux chefs de gouvernement nahdhaouis, Hamadi Jebali et Ali Larayedh.
En tant qu’entraîneur de taekwondo, de président de la Fédération tunisienne de taekwondo et de membre du comité d’éthique de la Fédération mondiale de taekwondo, M. Gaaloul ne serait pas, étant donné les postes qu’il avait occupés dans la haute sphère du pouvoir, étranger au développement de ce sport de combat dans les salles de sport tunisiennes, un sport dont les islamistes jihadistes sont particulièrement férus.
Ce n’est sans doute pas une coïncidence : dans un témoignage diffusé, en 2013, sur la chaîne de télévision El Hiwar Ettounsi, alors propriété de Tahar Ben Hassine, Mouldi Cherni, père du martyr Socrate Cherni, officier de la garde nationale assassiné de manière lâche à Sidi Ali Ben Aoun (Sidi Bouzid), avait révélé que son fils lui parlait beaucoup quant il rentrait chez lui au Kef de la masse impressionnante des jeunes qui suivaient des cours de taekwondo dans les salles de sport de la région de Sidi Bouzid.
Maintenant, on comprend mieux comment et dans quels endroits ces jeunes ont été embrigadés avant d’être envoyés dans les foyers de tension en Syrie, en Irak, en Libye et autres.
Aussi n’est-il pas interdit de penser que ces nominations prouvent encore une fois qu’Ennahdha n’a jamais changé sur le fond. Il continue à avancer masqué. Et ne rate aucun moment de relâchement de l’attention des laïcs pour occuper des sphères stratégiques pour la réalisation de ses sinistres projets extra-nationaux : l’instauration du 6e califat et l’application de la chariâa.
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