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L’hommage de Talan au peintre Abdelaziz Gorgi, dix ans après son décès

Le vernissage de cette exposition rétrospective des œuvres d’Abdelaziz Gorgi, l’une des figures emblématiques de l’Ecole de Tunis, a eu lieu hier, vendredi 7 décembre 2018, au palais Kheireddine, dans la médina de Tunis. Elle se poursuivra au 10 février 2019.

Par Zohra Abid

Au total, plus de 300 œuvres, dessins, peintures, sculptures, timbres, tapisseries et céramiques, ont garni les différentes salles de ce palais bâti entre 1860 et 1870 par l’un des beys de Tunis, classé monument historique par un décret datant du 19 octobre 1990 et abritant actuellement le Musée de la ville de Tunis.

Une étoile s’éteignait et une autre naissait

En plus des œuvres du célèbre artiste plasticien, réalisées en divers matériaux et multiples formats, pleines de poésie et d’humour et respirant la passion et la joie de vivre, il y a également les travaux d’autres artistes plasticiens rendant hommage à leur aîné. On en citera Hamadi Ben Saad, Héla Lamine, Aïcha Filali, Nabil Souabni, Mohamed Ben Soltane, Sonia Kallel, Slimen El Kamel, Yesmine Ben Khelil et Intissar Belaïd. Ils sont presque tous les amis de la galerie AGorgi, à Sidi Bou Saïd, dirigée par Aïcha Gorgi, la fille de l’artiste.

Le président de la république devant une toile de Gorgi.

Cette exposition est née d’une initiative de Mehdi Houas, Directeur général de Talan Groupe et de son associé Philippe Cassoulat  ainsi que de Behjet Boussofara, Directeur général de Talan Tunisie. Le but est de célébrer intelligemment le 10e anniversaire de la présence de cette entreprise en Tunisie, qui coïncide avec  le 10e anniversaire du décès du grand artiste Abdelaziz Gorgi (né le 10 juin 1928 et décédé le 10 janvier 2008 à Tunis).

Grand amoureux des arts, Mehdi Houas est totalement engagé dans le soutien des artistes, ceux d’aujourd’hui, mais aussi ceux qui ont marqué la mémoire culturelle de leur peuple et dont les œuvres ont marqué l’imaginaire populaire . Et il le démontre avec cette nouvelle initiative, qui a fait courir, hier soir, le Tout-Tunis artistique, politique et médiatique.

Lors de la conférence de presse donnée à l’hôtel Dar Jeld, peu avant le vernissage qui s’est déroulé en présence du président de la république, Béji Caïd Essebsi, du ministre des Affaires culturelles Mohamed Zinelabidine, du gouverneur de Tunis Chedly Bouallègue, de la maire de la ville de Tunis Souad Abderrahim, de Aïcha Gorgi, la galeriste et fille du défunt artiste et sa maman Souad Gherab Gorgi, ainsi que d’une pléiade d’artistes et d’une foule d’amoureux de l’art, Mehdi Houas a annoncé la présence d’une délégation de Talan France et d’imminents invités étrangers pour admirer l’œuvre du grand Gorgi.

«En soutenant cette exposition, nous confirmons notre engagement à préserver le patrimoine et à accompagner les mutations pour un meilleur avenir de ce pays qui nous est cher. Il y a 10 ans s’éteignait une étoile appelée Abdelaziz Gorgi. Il y a 10 ans, une autre étoile naissait aussi, Talan Tunisie. Nous commémorons, aujourd’hui, ce double anniversaire pour construire notre avenir en nous basant sur notre mémoire», a déclaré M. Houas.

Imposante collection de peintures et d’œuvres d’art

C’est à Meriem Bouderbala, peintre elle-même et commissaire de l’exposition, qu’a échu la tâche de parler d’Abdelaziz Gorgi, un homme polyvalent et multiple, dessinateur, peintre, sculpteur, graveur et, surtout, grand conteur devant l’Eternel. «La force de ses corps peints, sculptés, tissés en leurs formes inachevées et enchevêtrées n’a ni début ni fin. Ils sont à l’image des hybridités méditerranéennes, par une colle universelle qui cimente et préfigure l’humain augmenté, une sortie de bazar vivant reliant masculin au féminin, des animaux aux plantes et à l’architecture», dit-elle, toujours fascinée et loin d’avoir épuisé son sujet.

Sonia Kallel estime, quant à elle, que Gorgi «a réussi à médiatiser notre patrimoine grâce aux commandes publiques rendant la culture et l’art accessibles à tous. Aujourd’hui, les enjeux et les conditions socio-économiques ont beaucoup évolué et l’artisanat, une des principales victimes de cette évolution, stagne. L’image de l’artisanat vivant représenté par le peintre a complètement changé».

Revenant sur sa principale source d’inspiration, à savoir le patrimoine, qui est aussi celle de Gorgi, Sonia Kallel a ajouté: «L’avenir du patrimoine, l’absence de transmission, de répertoriage et de rénovation ont souvent constitué la source de mon inspiration».

Aicha Gorgi, Souad Ghrab Gorgi et sa petite fille Cherifa.

L’art, une question de pulsion de la vie passant de l’artiste à la vie

Faisant allusion aux artistes de l’Ecole de Tunis, Mohamed Ben Soltane a indiqué que les artistes tunisiens meurent  deux fois. «La première mort est naturelle et la seconde est une agonie douloureuse produite par notre amnésie collective devant leur œuvre. Les images se diluent progressivement jusqu’à devenir méconnaissables comme le souvenir de nos grands artistes disparus», dit-il.

L’artiste Aïcha Filali – fille d’une pionnière des arts plastiques en Tunisie, Safia Farhat, elle aussi membre de l’Ecole de Tunis – a installé, en guise d’hommage, un plateau de manège, tout en vocabulaires induits dans un pot pourri de sonorités populaires tirées de notre patrimoine. Puisant dans une inspiration ludique et joyeuse, comme le maître Gorgi, elle préfère appréhender tout avec un mélange de spontanéité, de sincérité et d’amusement. Ce qui l’a toujours interpellée, dit-elle, dans l’œuvre de Gorgi, c’est «l’aspect ludique témoignant d’une réappropriation de la liberté de l’enfance qui a marqué sa période de maturité».

Mehdi Houas, Directeur général de Talan à droite et  Behjet Boussofara DG de Tala, Tunisie à gauche.

Pour découvrir ou redécouvrir l’œuvre du «Gorgi Pluriel», titre de l’exposition-hommage, rien ne vaut un saut au Palais Kheireddine. Ne pas oublier d’amener les petits, qui seront comblés eux aussi.

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