Mouine Chaabani et ses hommes étaient dépassés sur tous les plans.
Pour la 5e année consécutive, le champion d’Afrique est éliminé dès son entrée en lice au Mondial des clubs. Samedi dernier, 15 décembre 2018, c’est l’Espérance sportive Tunis (EST) qui a lourdement chuté en quart de finale face aux Emiratis d’Al Ain (3-0). Elle devra se contenter du match pour la 5e place, demain, mardi 18 décembre, contre Guadalajara, à partir de 14h30.
Par Hassen Mzoughi
Sonnés par une entame catastrophique, avec 2 buts encaissés dans le premier quart d’heure, les «Sang et Or» ne sont jamais parvenus à se relever même si Ghailen Chaalali et Taha Yassine Khenissi ont touché la barre. Le troisième but d’Al Ain, marqué par Al Ahbabi à l’heure de jeu (60e) aurait pu être suivi de deux autres, en l’absence de réactivité des Tunisiens. Les Emiratis, jouant devant leur public, étaient transcendés par l’événement.
Un titre ne rend pas supérieur
En football, il y a des jours où rien ne marche. Pas d’intensité, pas de vivacité, manque d’engagement, un jeu approximatif, l’EST n’avait pas les armes pour rivaliser avec son adversaire. Son entraîneur, Mouine Chaabani était lui aussi groggy tellement tout allait de travers. Il avait mal calculé le coup, croyant les Emiratis incapables d’entamer le match avec un engagement et un pressing aussi durs après leur premier match difficile de 120 minutes contre Wellington 3 jours auparavant.
Il pensait avoir tout le temps pour gérer son match mais Al Ain a dégainé très vite. On pourrait lui reprocher tout ce qu’on veut, par exemple le remplacement à la 46e minute d’un milieu offensif (Ghailen Chaalali) par un autre défensif (Mohamed Meskini), alors que l’EST était menée 2-0. On peut trouver bizarre le fait de placer, en seconde mi-temps, Franck Kom, l’unique relanceur, en tant que 3e défenseur central puis tout de suite après le remplacer par Adem Rejaibi qui n’a pas joué depuis belle lurette. Mais en fin de compte l’EST n’avait aucun moyen de se rattraper, d’autant que ses deux fers de lance, Anice Badri et Youcef Belaili, erraient sur le terrain sans idées claires et tombaient à chaque contact, perdant tous leurs duels!
Tout de suite, je me suis rappelé le carton de Milan 4-0 devant Barcelone en finale de la Ligue des champions d’Europe 1994. Le 3e but de Savicevic (47’), juste deux minutes après le second but milanais de Massaro, a sonné le glas pour le Barça. À ce moment là, Johan Cruyff, l’entraîneur de Barcelone, a plié les jambes sur le banc et tourné presque le dos au terrain. Il a tout simplement compris que rien ne pouvait plus être fait! Pourtant il avait dans son équipe des compétiteurs de classe : Zubizarreta, Ronald Koeman, Josep Guardiola, Hristo Stoichkov, Romario, Bakero…
Avant-hier, rien ne pouvait renverser la situation pour l’Espérance. C’était très mal parti et dans un contexte très défavorable, avec d’une part une incroyable réussite des Emiratis (2 buts marqués en 15 minutes, 6 tirs cadrés, 3 buts), et de l’autre un jour sans de l’EST.
La conclusion est que l’EST a été battu et ce ne sera pas la dernière défaite, surtout en compétitions internationales, comme elle pourra gagner encore et encore dans l’avenir.
Penser qu’un titre gagné vous rend absolument supérieur à tous vos adversaires, immunisé contre les mauvaises surprises et capable de s’imposer à tous les coups, est une faute grave. Il n’y a pas un succès permanent. Une équipe imbattable. Ce qu’il faut aussi admettre, c’est la relativité des choses. Samedi l’EST ne pouvait pas gagner parce que c’était impossible au vu de la tournure des événements.
Derrière un grand résultat, un moment de lassitude
L’EST a gagné la Ligue des champions parce qu’elle était la meilleure parmi des candidats dans un cycle déterminé. Cela ne veut pas dire aussi qu’elle est sans lacunes ou qu’elle n’a pas flirté avec l’échec en demi-finale face à Primeiro de Augosto. Et puis, il y a parfois derrière un grand résultat, un fléchissement «mental», un moment de lassitude. Cela est arrivé avant-hier.
Aujourd’hui, il faudrait commencer à réparer sans brusquer. En 2011, après le second titre africain, le renouvellement des forces n’a pas été fait et cela a coûté à l’EST 3 ans sans titre local et 7 longues années d’attente ponctuées des déceptions en compétitions continentales.
Bref, il ne faut pas attendre 7 ans comme cela a été fait après 2011. S’activer pour apporter du sang neuf à l’équipe avec des joueurs de classe, à l’instar des «Emiratis» Caio, Tongo Doumbia, Barman, Hussein El Shahat qui ont à eux seuls fait la différence.
Un grand club comme l’Espérance devrait mettre les moyens pour monter une grande équipe. Avec un entraîneur d’expérience pour bien exploiter son effectif.
Espérance: Moez Ben Cherifia, Samah Derbali, Ayman Ben Mohamed, Chamseddine Dhaouadi, Khalil Chammam (Ali Machani 70’), Fousseni Coulibaly, Franck Kom (Adem Rejaibi 64’), Ghailen Chaalali (Mohamed Meskini 46’), Anice Badri, Youcef Belaili, Taha Yassine Khenissi. Entraîneur : Mouine Chaabani
Al Ain : Khaled Eisa, Mohamed Ahmad, Ismail Ahmed, Mohamed Fayez, Tsukasa Shiotani, Bandar Al Ahbabi (Marcus Berger 80’), Rayan Yaslem (Amer Abdulrahman), Tongo Doumbia, Barman, Hussein El Shahat, Caio. Entraîneur : Zoran Mamić.
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