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Le poème du dimanche: ‘‘Ô tyran oppresseur’’ de Abou El Kacem Chebbi

Abou El Kacem Chebbi est incontestablement en haut du panthéon des poètes tunisiens grâce à sa poésie intemporelle qui mit à l’honneur le patriotisme, la liberté, le refus de se soumettre et le refus de la soumission et son poème ‘‘Ô tyran oppresseur’’ en est la parfaite illustration.

Abou El Kacem Chebbi est né le 24 février 1909 à Tozeur, au Djerid, dans une famille de la notabilité locale, lettrée et intellectuelle où la langue arabe tient une place toute particulière comme c’est le cas dans toute la région oasienne du sud-ouest tunisien. Son père, formé à la mosquée Zitouna de Tunis, était cadi (juge charaïque) mais fut aussi passionné de poésie et de littérature. Il avait élu domicile un peu partout en Tunisie au gré de ses affectations professionnelles ce qui permit à son fils d’acquérir une connaissance intime de ce pays et de la condition de ses habitants sous le protectorat français à l’époque.

L’œil observateur et l’esprit vif du jeune Chebbi captèrent tout ce qu’il vit et le retranscrira et l’exprimera plus tard dans son ouvre poétique.

Il fréquentera lui aussi la Zitouna mais en adhérant au courant réformiste. En parallèle, il entreprit son voyage de création poétique et bien qu’unilingue (il ne maîtrisait que l’arabe), il lut des auteurs et des poètes d’autres cultures traduits en arabe ce qui lui donna une ouverture d’esprit qui le caractérisa et fit de lui un homme en avance sur son temps. Chebbi, et en dépit de sa très courte vie, 25 ans, sera à l’origine d’une œuvre importante et de très grande qualité et donnera à la poésie tunisienne une autre dimension.

Chebbi est le poète tunisien le plus connu que ce soit en Tunisie où tous les écoliers apprennent ses poèmes ou en dehors des frontières où beaucoup d’artistes l’ont chanté.

 

Ô tyran oppresseur…

Ami de la nuit, ennemi de la vie…

Tu t’es moqué d’un peuple impuissant

Alors que ta main est maculée de son sang

Tu abîmes la magie de l’univers

Et tu sèmes les épines du malheur dans ses éminences

 

Doucement ! Que ne te trompent pas le printemps,

La clarté de l’air et la lumière du jour

Dans l’horizon vaste, il y a l’horreur de la nuit

Le grondement du tonnerre et les rafales du vent

Attention ! Sous la cendre, il y a des flammes

Celui qui plante les épines récolte les blessures

 

Regarde là-bas où tu as moissonné les têtes humaines

et les fleurs de l’espoir

Et tu as englouti de sang, le cœur du sol et tu l’as abreuvé de larmes à l’ivresse

Le flot, torrent du sang va t’entraîner

Et l’orageux brûlant va te dévorer.

ألا أيها الظالم المستبد

حبيب الظلام عدو الحياه

سخرت بأنات شعب ضعيف

و كفك مخضوبة من دماه

و سرت تشوه سحر الوجود

و تبذر شوك الاسى في رباه

رويدك لا يخدعنك الربيع

و صحو الفضاء و ضوء الصباح

ففي الافق الرحب هول الظلام

و قصف الرعود و عصف الرياح

حذار فتحت الرماد اللهيب

و من يبذر الشوك يجن الجراح

تأمل هنالك انى حصدت رؤوس الورى و زهور الأمل

و رويت بالدم قلب التراب و اشربته الدمع حتى ثمل

ســيجرفك الســيل ســـيل الدماء

.و يأكلك العاصف المشتعل

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