Poète et critique littéraire syrien d’expression arabe et française, Adonis, pseudonyme d’Ali Ahmed Saïd Esber, est considéré comme l’un des plus grands poètes arabes vivants.
Né le 1er janvier 1930 en Syrie, il s’exile en 1956 à Beyrouth au Liban, dont il obtiendra la nationalité en 1962. Il y fonde avec le poète syro-libanais Youssouf Al-Khal, dans les années 1960, la revue ‘‘Chi’r’’ («Poésie»). En 1968, il fonde la revue ‘‘Mawâkif’’ («Positions»), un espace de liberté en même temps qu’un laboratoire de rénovation «destructurante» de la poésie. À la suite de la guerre civile libanaise, il se réfugie à Paris à partir de 1985 où il représente la Ligue arabe à l’Unesco.
Iconoclaste, en rupture avec la tradition poétique, religieuse et politique arabe, son œuvre émancipatrice révèle plusieurs thèmes : injustice, dictature, guerre, misère…
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J’ai écrit mon identité
à la face du vent
et j’ai oublié d’écrire mon nom.
Le temps ne s’arrête pas sur l’écriture
mais il signe avec les doigts de l’eau.
Les arbres de mon village sont poètes
ils trempent leur pied
dans les encriers du ciel.
Se fatigue le vent
et le ciel déroule une natte pour s’y étendre.
La mémoire est ton ultime demeure
mais tu ne peux l’y habiter
qu’avec un corps devenu lui-même mémoire.
Dans le désert de la langue
l’écriture est une ombre
ou l’on s’abrite.
Le plus beau tombeau pour un poète
c’est le vide de ses mots.
Peut-être que la lumière
t’induira en erreur
si cela arrive
ne craint rien, la faute est au soleil.
Extrait de ‘‘Mémoire du vent’’.
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