Feu Rachid Ben Yedder, ici avec Hedi Djilani et, en arrière-plan, Hamdi Meddeb.
L’auteur avait côtoyé de près Rachid Ben Yedder, président du groupe El-Amen, qui nous quittés aujourd’hui, à l’âge de 84 ans. Il évoque dans cette nécrologie un aspect méconnu de sa personnalité et de son action, celles d’un grand humaniste.
Par Taoufik Ouanes *
Rachid Ben Yedder vient de nous quitter : cet homme fait partie de la quatrième génération d’une famille qui, petit-à-petit et durant tout un siècle, dans la discrétion et la persévérance, a pu contribuer à la construction du tissu de économique de la Tunisie. Cette famille a doté le pays d’entreprises de production et de services solides, prospères et citoyennes. C’est cet aspect citoyen qui était très cher à Si Rachid.
Il ya une quinzaine d’année, j’ai eu l’occasion de lui demander de donner une conférence sur l’économie tunisienne. Il m’a répondu qu’il préférait donner une conférence sur le titre : «L’entreprise citoyenne en Tunisie». Cette conférence était un modèle du genre car profondément imprégnée d’humilité et de patriotisme.
À une autre occasion, il s’est exprimé dans un colloque organisé par la Chambre tuniso-suisse de commerce et d’industrie sur le rôle de l’entreprise familiale dans le développement économique. Toujours avec la même sobriété et la même modestie.
Homme d’affaires, certes, Rachid Ben Yedder l’était. Mais un homme d’affaires croyant à l’effort et à la rectitude, ce qui est malheureusement rare dans notre Tunisie actuelle ou les vrais hommes d’affaires qui contribuent à créer la vraie richesse nationale ont été éhonteusement supplantés par des affairistes, des mercantilistes et de plus en plus par des mafieux.
Rachid Ben Yedder avait aussi la fibre sociale. Pendant une décade, il était vice-président du Croissant Rouge Tunisien, second d’un autre grand humaniste qui vient également de nous quitter, Docteur Ibrahim Gharbi.
Je me rappelle dans nos réunions du Comité central du Croissant Rouge, Si Rachid était toujours la voix de la modération et de la pondération. Personne ne sait combien Si Rachid a contribué aux actions de charité organisées par le Croissant Rouge, mais nous savions tous que c’était beaucoup. Non seulement en finances, mais également en temps et en soutien à notre organisation.
Il ne faut pas oublier non plus ce que Si Rachid a fait pour son équipe de football préférée, l’Espérance de Tunis. Et pour le sport en général, en lançant le Marathon Comar de Tunis-Carthage, organisé annuellement depuis plus de 30 ans. Ainsi que pour l’art et la culture avec, notamment, le Prix Comar du roman tunisien écrit en arabe et en français, attribué chaque année depuis plus de 20 ans. On peut énumérer beaucoup d’autres actions citoyennes du grand défunt…
Maintenant que Si Rachid est dans un monde meilleur, je ne peux qu’invoquer ses qualités exceptionnelles et espérer que la jeunesse tunisienne le retienne dans le panthéon des grands humanistes tunisiens.
Mes condoléances à sa famille et à ses amis. Paix à son âme.
* Avocat.
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