Hamadi Jebali, ancien chef du gouvernement provisoire (janvier 2012-mars 2013), a annoncé sa candidature pour la prochaine présidentielle prévue à la fin de cette année 2019.
«Ma candidature à la présidentielle est devenue une obligation. Il faut sauver la Tunisie. Je serai un candidat indépendant. Le président de la république doit être au service du peuple tunisien et du pays», a-t-il déclaré lors de son passage à « Avec Samah Meftah » sur Hannibal TV hier soir, dimanche 3 février 2019.
L’ancien secrétaire général du mouvement islamiste Ennahdha a, par ailleurs, estimé ue l’alliance entre Nidaa Tounes et son ancien parti, scellée en 2015 après les élections législatives et présidentielles de 2014, n’a pas été fondée sur des bases solides et transparentes pour servir l’intérêt du pays et celui du peuple.
«Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, utilise la guerre contre la corruption pour régler ses comptes et se préparer aux prochaines échéances électorales», a-t-il déclaré, en s’interrogeant: «Pourquoi Nidaa et Ennahdha ne se sont-ils pas mis d’accord à propos de la lutte contre la corruption, et ce sans prendre en considération l’appartenance politique des individus concernés?», laissant ainsi entendre que la lutte contre la corruption est politisée et qu’elle épargne les corrompus membres des deux partis au pouvoir.
En se posant en sauveur de la Tunisie, M. Jebali oublie son bilan calamiteux: c’est sous son court règne que les groupes extrémistes religieux se sont développés et c’est sous son règne aussi que le premier assassinat politique en Tunisie a eu lieu: c’était celui de Chokri Belaïd, le 6 février 2013, par des extrémistes religieux, sa famille idéologique.
Il reste donc à savoir de qui et de quoi M. Jebali va-t-il sauver la Tunisie ? Et sur quel électeurs va-t-il compter, sachant qu’il est en rupture de ban avec Ennahdha, le mouvement où il a fait tout son parcours politique ? Va-t-il se présenter comme un candidat laïc et progressiste pour faire oublier son passé islamiste et brasser large ?
Une dernière remarque s’impose: la chaîne Hannibal TV est-elle en train de remettre en selle les figures de la « troïka », la coalition ayant gouverné la Tunisie de janvier 2012 à janvier 2014 ? Elle vient, en effet, d’interviewer coup sur coup: Mustapha Ben Jaafar, Moncef Marzouki et Hamadi Jebali qui furent, respectivement, président de l’Assemblée nationale constituante, président de la république par intérim et chef du gouvernement provisoire.
E. B. A.
Jebali à Chahed : Ne vous présentez pas aux présidentielles de 2019
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