Le but d’égalisation de Belaili, une étincelle dans la grisaille.
L’Espérance sportive de Tunis (EST) partait favori mais il a complètement raté son rendez-vous face au Raja Casablanca qui a méritoirement enlevé la Super-coupe d’Afrique pour une «première» hors du continent.
Par Hassen Mzoughi
Au stade Thani Ben Jassem d’Al Gharafa, au Qatar, l’Espérance, fébrile en défense et soft en attaque, est carrément passée à côté de son sujet, se faisant dominer par des Casablancais très motivés et efficaces.
Cette 27e édition de l’épreuve avait commencé par une entame à l’avantage des «Sang et Or». Impression trompeuse. Une erreur du défenseur axial de l’EST, Mohamed Ali Yaakoubi, et le ballon revenait à Mahmoud Benhalib qui le reprit mollement dans les mains de Rami Jeridi (11’). Suivi d’une autre grosse alerte de Soufiane Rahimi annihilée par le gardien «sang et or» (17e). Quelques 5 minutes avant de céder sur un premier but signé Abdelilah Hafidi, reprenant en puissance à l’entrée de la surface de réparation.
Déjà l’EST rate son entame de match et va multiplier les erreurs en défense, secteur qu’on pensait solide, comme vérifié lors de la phase de groupes de l’actuelle Ligue des champions (2 buts encaissés en 6 matches).
La sortie de Saad Bguir a encore fragilisé l’entre-jeu.
On s’est rappelé la déroute face à Al Ain
Les largesses défensives du champion d’Afrique rappelèrent sa piètre prestation face à Al Ain des Emirats arabes unis en quarts de finale de la Coupe du monde des clubs, l’hiver dernier aux Emirats.
Mauvais signe en ce début de match; car même si Rami Jeridi retardait l’échéance, l’EST ne réussira jamais à prendre la mesure de son vis-à-vis, pendant la quasi-totalité du match, à l’exception d’un tir de Taha Yassine Khenissi dans les mains du gardien marocain pour conclure un contre, puis longtemps après, d’un petit quart d’heure en tout début de seconde période, une phase de jeu favorable que l’EST concrétisait par une égalisation de Youcef Belaili (57’), à la conclusion de la belle et unique action collective des «Sang et or».
Visiblement dans un jour sans, manquant de fraîcheur au milieu de terrain à l’image de Hamdou Elhouni et Anice Badri, sérieusement mis en difficulté par la vitesse des Marocains, Abdelilah Hafidi, Soufiane Rahimi en tête, les Tunisiens sont sanctionnés à la 22e minute, sur un but tout en puissance par Hafidi.
Une attaque «absente», un équilibre rompu
La grosse frappe d’Anice Badri bien captée par Anas Zniti (47’) et l’égalisation de Belaili, entré à la 45e minute à la place de Saad Bguir, sur un service d’Iheb Mbarki qui venait de suppléer Samah Derbali blessé, (1-1), ne changeait rien à la physionomie du match. L’EST n’est jamais parvenu à hisser son niveau de jeu et à se montrer dangereux faute d’un jeu d’attaque digne du nom.
Les Marocains vont réussir le break sur un corner mal dégagé par une défense espérantiste passée à côté du match; la frappe de Sanad El Warfali est déviée d’une talonnade par Badr Banoun (64e, 1-2). Une énorme faute d’attention (encore !) de toute la défense.
Les hommes de Patrice Carteron ont gagné avec mérite et auraient pu creuser l’écart tellement l’arrière-garde tunisienne semblait dépassée à chaque accélération adverse.
L’Espérance qui disputait sa 4e Super-coupe d’Afrique (3 perdus), peut nourrir de gros regrets d’avoir raté ainsi son match.
Son échec c’est «l’absence» de son attaque dans un tel grand rendez-vous où seule compte la gagne. On n’a jamais retrouvé hier le jeu offensif de l’EST des 4 derniers mois avec notamment le trio Badri-Belaili-El-Houni, dont l’entente et la réussite soulageaient énormément l’équipe et surtout… la défense. Avec aussi Samah Derbali et Ayman Ben Mohamed amorphes et un peu brouillon, contrairement à l’habitude.
Tout d’un coup, l’espace d’un match, les «Sang et or» ont perdu leurs repères et leur cohésion. Face à un adversaire marocain aussi «joueur», cela ne pardonne pas.
Les Rajaouis étaient plus motivés, plus frais et mieux organisés.
Les mauvais choix de Chaabani
Les choix du coach Mouïne Chaabani ajoutèrent à la fragilisation du jeu espérantiste. En faisant entrer Youcef Belaili (pourtant annoncé indisponible), à la place de Saad Bguir, il a rompu l’équilibre du milieu de terrain et handicapé l’attaque. Si Belaili était opérationnel – sinon il ne serait pas entré en jeu – pourquoi Chaabani ne l’avait-il pas aligné dès le coup d’envoi, ou à la place de Hamdi Elhouni au retour des vestiaires, pas de Saad Bguir, le seul joueur capable d’assurer la liaison avec l’attaque.
De plus l’international algérien n’est jamais à l’aise quand Chaabani l’oblige souvent, et comme hier, à jouer dans l’axe du terrain, derrière les attaquants, au lieu de son rôle de prédilection sur l’aile gauche, là où il est le plus fort par ses accélérations, ses provocations et ses percussions qui démobilisent les défenseurs adverses.
Chaabani a ses convictions mais, hier, cela a donné un flop face à un adversaire déterminé, solide physiquement au point et par-dessus tout efficace.
L’EST reste sur un seul succès remporté en 1995 dans cette compétition en 4 participations. Tandis que le Raja remporte sa deuxième Super-coupe, après le Wydad Casa, vainqueur en 2018 des Congolais du TP Mazembe et le Moghreb Fès en 2012 (aux dépens de l’EST), dont le gardien n’était autre qu’Anas Zniti, celui-là même qui gardait les buts Rajaouis hier à Doha et qui remporta son 3e titre continental après la Coupe de la CAF en 2011 et le championnat d’Afrique des nations (Chan) en février 2018.
EST : Rami Jeridi, Ayman Ben Mohamed, Mohamed Ali Yaakoubi (Haythem Jouini 72’), Chamseddine Dhaouadi, Sameh Derbali (Iheb Mbarki 53), Fousseny Coulibaly, Franck Kom, Saad Bguir (Youcef Belaili 45’), Anice Badri, Hamdou Elhouni et Taha Yassine Khenissi.
Raja : Anas Zniti, Abderrahim Achchakir, Fabrice Ngah, Zakaria Hadraf, Sanad El Warfali, Badr Banoun, Abdelilah Hafidi (Ayoub Nahnah 80’), Soufiane Rahimi (Mohcen Yajour 90), Mahmoud Benhalib, Omar Boutaieb, Zakaria Al-Wardi.
Arbitre : Bamlak Tessema (Ethiopie)
Avertissements :
EST : Frank Kom (81’), Chamseddine Dhaoudi (76’);
Raja : Zakaria Hadhraf (76’), Badr Banoun (85’), Abderrahim Achchakir (90’).
Super-coupe d’Afrique : L’Espérance n’a pas montré grand-chose
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