Pour leur 10e édition, les Prix arabes Mustapha Azouz de littérature pour enfants âgés de 12 à 16 ans ont été remportés par deux Tunisiens, Lotfi Hajlaoui et Mounira Daraaoui, et un Egyptien, Ahmed Korni Mohamed Chehata.
Par Zohra Abid
La cérémonie de remise des prix s’est déroulée, hier, vendredi 5 avril 2019, à Tunis, en présence de plusieurs écrivains, romanciers, éducateurs, pédagogues et éditeurs, ainsi que des responsables de l’Arab Tunisian Bank (ATB), notamment Anissa Saadaoui, directrice de la communication et des relations médias, et des représentants de l’association Forum de la littérature pour enfants (partenaire de l’ATB).
Une bonne moisson
Le ministre des Affaires culturelles Mohamed Zinelabidine, qui était attendu à la cérémonie, a finalement fait faux bond. Et pour cause, l’événement a coïncidé avec un autre qui se passait au même moment au Kram, dans la banlieue nord de Tunis: l’inauguration de la 35e Foire internationale du livre de Tunis par le chef du gouvernement Youssef Chahed.
Le jury de cette 10e session est composé de l’universitaire et écrivain Mohamed Aït Mihoub, l’universitaire et critique littéraire Jalila Triter, le poète et écrivain Hafedh Mahfoudh, l’universitaire et écrivaine Saadia Ben Salem et le romancier et poète Hédi Khadhraoui. Il a reçu 81 dossiers de candidature. «Nous n’avons accepté que soixante-et-onze titres qui répondent aux règles de ce prix. Au fil de nos réunions, nous en avons retenu onze. Lors de notre dernière réunion, le 11 mars dernier, nous avons fini par choisir les 3 titres méritant le couronnement», a indiqué M. Aït Mihoub, président du jury.
Lotfi Hajlaoui reçoit son prix.
Raconter l’histoire aux enfants dans un style drôle
Enseignant à l’Institut supérieur des cadres de l’enfance de Carthage Dermech, Lotfi Hajlaoui, a reçu le 1er Prix (dans la catégorie du roman historique) d’un montant de 8.000 DT pour son conte intitulé « Assad Arrou’ouss althaletha » (Le Lion à 3 têtes) qui se distingue, selon le jury, par la qualité de la narration et le style accrocheur adoptés par l’auteur pour faire revivre la personnalité historique d’Assad Ibn al-Furat. «Nos enfants ont une petite une idée sur le nom qu’ils retrouvent dans les plaques de signalisation des rues ou au fronton de certains lycées, mais ils ignorent le parcours exemplaire de ce juriste, théologien et conquérant arabe, qui marquera l’histoire de son pays d’adoption, la Tunisie», a précisé à Kapitalis M. Hajlaoui, un passionné d’histoire, qui a, à son compte, une vingtaine de titres et plusieurs traductions de l’anglais vers l’arabe.
Lotfi Hajlaoui.
M. Hajlaoui n’est pas à son premier prix Mustapha Azouz, puisqu’en 2015, il reçut déjà le 3e prix. «J’aime raconter des faits liés à l’histoire dans un style marrant, avec des images et des mots simples, que saisissent rapidement les enfants de 9 à 14 ans», nous-a-t-il aussi confié.
Mounira Daraaoui reçoit son prix.
Inculquer les bonnes manières autrement
L’autre lauréate, mais dans la catégorie du conte libre, Mounira Daraaoui, est enseignante à l’école primaire Hached à Makthar. Son conte intitulé « Esmouhou Asmar » (Son nom est brun) raconte, dans un style simple et élégant, des scènes de la vie courante illustrant la bonne conduite. «Les messages éducatifs sont innovants, écrits avec beaucoup de poésie et loin du discours institutionnel, pesant habituellement et imposé aux enfants à la préadolescence. C’est ainsi qu’ils sont reçus et assimilés sans difficulté», indique le jury.
Mme Daraaoui, originaire d’une zone rurale, a été toujours encouragée par sa défunte mère à lire beaucoup. Les livres sont les compagnons de sa vie. Passionnée d’écriture littéraire, elle a publié 10 ouvrages et reçut 4 prix, dont celui de Zoubaida Béchir. Elle est rentrée, elle aussi, avec un chèque de 8.000 DT.
Mounira Daraaoui.
Le 2e prix dans la catégorie du conte libre, d’un montant de 5.000 DT, a été attribué à l’Egyptien Ahmed Korni Mohamed Chehata et c’est son compatriote Hassen Hamad qui reçut le chèque à sa place. Selon le jury, le lauréat a eu un empêchement et n’a pas pu assister personnellement à la cérémonie. «Nous avons aimé l’humour de l’auteur, son style à la fois léger et déroutant en traitant des sujets sérieux et importants de la vie, comme l’éducation, le terrorisme ou encore les élections», diront les membres du jury, qui ont primé « Loôbatou atta’er al Ajouz » (Le jeu du vieux oiseau).
Des écrivains en herbe
Les petits écrivains ont eux aussi droit à des prix d’encouragement. C’est le cas de Massarra Bennaceur et Ahmed Aissa, qui ont reçu chacun un prix d’une valeur de 500 DT. L’un pour son conte « Rajoulou al Ahlem » (l’Homme des rêves) et l’autre pour « Absartom Aldhourra wa lam tobssirou oûyounakom » (Vous avez vu l’atome mais pas vos yeux).
Selon le jury, les 2 contes se sont distingués par leur ton critique, la qualité de l’écriture, la bonne construction des personnages et la fluidité de la narration.
Hassen Hamad reçoit le prix de son compatriote Ahmed Korni.
Comme les précédentes session, la cérémonie de remise des prix du concours a été précédée par un forum auquel ont pris part plusieurs participants venus notamment d’Algérie, du Maroc, d’Egypte, du Liban… Pendant deux jours, des écrivains, des critiques, notamment Mohamed Mahjoub, Chafik Jendoubi, Houda Kefi, Rachid Aloui, Ahmed Chabchoub, Hassan Hamad, Kaouther Ayed, Khadija Ztili, Mohieddine Kalaï, Emna Remili, Mohamed Hedi Ayed et Imen Bakaï… ont débattu de l’enfance, de l’éducation et de l’écriture pour enfants, comme pratique et comme philosophie.
On a parlé aussi de l’importance de la philosophie dans la formation de l’homme, quel que soit son âge, car elle lui apprend à se poser des questions, à explorer les idées, à confronter les arguments dans le cadre d’une réflexion ouverte et pluraliste.
Toutes les interventions ayant donné lieu à un riche débat sont publiées dans un livre de 250 pages, supervisé par le critique littéraire et animateur d’émissions littéraires à la télévision Fraj Chouchane, et qu’a été édité par la banque mécène.
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