Belhassen Trabelsi avant et après.
Après avoir publié hier, lundi 15 avril 2019, la dernière photo prise de Belhassen Trabelsi, beau-frère de Ben Ali, avant sa mise en détention dans une prison de Marseille (France), dans le cadre d’une affaire de blanchiment d’argent, Kapitalis livre aujourd’hui de nouvelles informations exclusives sur les circonstances de son arrestation.
Par Imed Bahri
Cette arrestation a été rendue possible grâce à une collaboration des Etats français et tunisien, car, comme on peut le deviner, l’affaire est suivie de très près par le Premier ministre français depuis la localisation du fuyard en France. Il s’agit d’une affaire de blanchiment d’argent à partir de 18 comptes en banques situées aux Îles Marshall, au Liban et à Monaco. Elle est encore sous enquête par les Juridictions inter-régionales spécialisées (JIRS) de Marseille et une brigade spéciale de la gendarmerie nationale.
Hedi Djilani prend en charge en France les filles Trabelsi
L’affaire a commencé par une dénonciation d’un ami proche d’une des filles de l’ancien président Zine El Abdine Ben Ali, dont on ne révélera pas le nom, car elle peut ne pas être directement impliquée dans la dénonciation.
Le dénonciateur a précisé que M. Trabelsi se trouvait au sud de la France et avec l’aide du Canada, les autorités françaises ont mis sous surveillance ses trois filles lorsqu’elles sont venues à Nice pour rendre visite à leur père.
Espérant trouver M. Trabelsi pour accueillir ses filles, la police découvre que c’est leur grand-père, l’homme d’affaires Hedi Djilani, ancien président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), et son épouse qui les ont prises en charge en France.
De là, la police française a perdu la trace des enfants de M. Trabelsi et ce n’est que 3 mois plus tard et grâce à une information de la police canadienne qu’une piste a permis de mettre sous écoute un contact de M. Trabelsi établi en France.
M. Trabelsi a été localisé dès le 10 septembre 2018 et la police l’a mis sous surveillance dans sa villa située au 8 allée du Piol, dans le domaine des Hauts de Vaugrenier, villa dont il a fait l’acquisition par l’intermédiaire d’un avocat tunisien F. T., le 28 février 2017, pour un montant de 1.500.000€ (plus de 5.000.000 dinars tunisiens).
Durant les 6 mois de surveillance, la police a pu identifier les différentes personnes qui ont rendu visite à M. Trabelsi dont un avocat tunisien du nom de M. M. et une autre personne de nationalité libanaise qui apparaît sous X dans le dossier et un certain L. K., de nationalité tunisienne.
Le juge d’instruction attend pour le moment le retour de 10 commissions rogatoires internationales du Panama, de l’Espagne, de Chypre, des îles Marshall, de Monaco, du Liban et, bien sûr, de la Tunisie.
Edouard Philippe et Youssef Chahed à la manette
Ce qui a précipité l’arrestation de M. Trabelsi c’est que le Premier ministre français Edouard Philippe a informé son homologue tunisien Youssef Chahed en février 2019 que M. Trabelsi a été localisé en France. Le 8 mars 2019, une note de l’ambassade de France à Tunis fait état d’une fuite du Premier ministère tunisien faisant état de la résidence de Trabelsi à Villeneuve Loubet. Et c’est ainsi que Belhassen Trabelsi a été arrêté et mis en examen, le 12 mars, pour «faux aggravé et blanchiment en bande organisée», avant de bénéficier, le 28 mars, d’une remise en liberté provisoire, sous caution. Le lendemain, il fût à nouveau arrêté par les autorités françaises, à la suite de la demande d’extradition du gouvernement tunisien, en vertu des articles 30 à 32 de la convention tuniso-française du 28-06-1972, relative à l’entraide judiciaire.
Le frère de Leila Trabelsi, ancienne première dame de Tunisie, a demandé une remise en liberté mais sa demande a été rejetée, le 10 avril, par la cour d’appel d’Aix-en-Provence qui a décidé de le maintenir en détention en attendant la suite de l’enquête menée dans plusieurs pays simultanément.
Rappelons que Belhassen Trabelsi fait l’objet, en Tunisie, de 17 mandats de recherche et 43 mandats d’amener internationaux. Il a fui au Canada après la révolution de janvier 2011 et vit en fugitif depuis qu’il a quitté ce pays, en 2016, en apprenant qu’il allait être mis en détention. Il aurait transité par plusieurs pays avant d’atterrir en France, à Nice, plus précisément, où il s’est installé, sous une fausse identité, et où sa cavale a pris fin. Dans sa dernière photo que nous avons publiée hier, il apparaît sous un nouveau look, avec une barbichette sel et poivre, pour mieux ressembler à son nouveau statut et sa… fausse identité d’«avocat tunisien» installé dans une villa cossue dans les environs de Nice.
Kapitalis publie en exclusivité la dernière photo de Belhassen Trabelsi
France : La cour d’appel maintient Belhassen Trabelsi en détention
Belhassen Trabelsi était installé près de Nice sous une fausse identité
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