Les chiffres des exportations tunisiennes en 2016 allaient déjà dans ce sens. Les exportations de produits bio pesaient alors déjà 9,3 % du total des exportations. Or, la demande a été en forte hausse tout au long de l’année 2018, rapportant plus de 153 millions d’euros aux exploitants du pays. Pourtant, le secteur souffre sur le marché intérieur et déplore de ne pas pouvoir se développer plus facilement.
Par Meriem Majdoub
Parmi les exportations de produits bio tunisiens, on retrouve évidemment en tête l’huile d’olive et les dattes. Ces deux produits portent largement tout le marché de l’exportation, mais ils ne sont pas seuls. La Tunisie profite d’une certification équivalente à celle de l’Union européenne (UE), ce qui lui facilite la tâche en matière d’exportation.
Dans le pays, l’agriculture biologique représenterait 306.000 ha de culture. Avec 42.000 tonnes exportées en 2018, l’huile d’olive est en tête, suivie de près par les dattes avec 10 473 tonnes. Cependant, beaucoup d’autres produits sont exportés en grandes quantités, comme les oranges, la farine bsissa et les herbes aromatiques.
Des difficultés sur le marché intérieur
Malgré ce succès sur les exportations, les exploitants agricoles sont souvent obligés de contracter un prêt personnel pour survivre. La demande est inégale, les coups durs ne sont pas rares et ils sont peu soutenus par le marché intérieur tunisien. L’absence de politique nationale pour développer ce secteur est évidemment pointée du doigt.
Cependant, le problème vient aussi d’un grand manque de visibilité du secteur dans le pays. Sans réelle publicité ni relais dans les médias, les produits bio ont du mal à se démarquer d’un produit classique. Les Tunisiens ne comprennent alors pas bien l’intérêt d’acheter un produit issu de l’agriculture biologique. De plus, dans une économie tunisienne en crise, le gouvernement a clairement choisi son camp : celui du tourisme.
En France, la mauvaise réputation de certaines huiles tunisiennes
Au-delà des problèmes sur le marché local, les exploitants bio tunisiens doivent faire un effort sur la qualité de leurs produits pour convaincre encore plus de consommateurs à l’étranger. En 2018, le journal français 60 millions de consommateurs a publié une enquête accablante sur certaines huiles d’olive tunisiennes.
Cette étude révélait la présence de résidus de pesticides dans certaines huiles prétendument bio, ainsi que 6 plastifiants dangereux pour la santé. Le journal a tout de même précisé que ces produits pouvaient ne pas venir de l’huile en elle-même, mais plutôt des récipients et des machines qui les remplissent. Pas de quoi coûter à la Tunisie sa place de championne d’Afrique, mais une invitation à une meilleure vigilance sur la qualité de sa production.
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