A l’occasion du mois de ramadan, des aides sociales extérieures sont distribuées en Tunisie. Ce qui a provoqué de vives polémiques, certains craignant que des partis, notamment Ennahdha, utilisent ces aides pour gagner des voix lors des prochaines élections. Cela a déjà eu lieu en 2011 et 2014.
Par Yüsra Nemlaghi
Ces aides, on le sait, sont servies par des associations soi-disant caritatives ou islamiques, souvent proches d’Ennahdha, créées à l’initiative du parti islamiste, dans les années 2012 et 2013, lorsqu’il conduisait la coalition gouvernementale.
Le fait que ces associations soient, pour la plupart, financées par des organisations caritatives basées en Turquie ou au Qatar, principaux appuis extérieurs des islamistes tunisiens, a de quoi alimenter (et justifier) les craintes et les suspicions.
Centraliser et contrôler les circuits d’aides sociales
Aussi des voix s’élèvent-elles actuellement, alors que le phénomène a pris une grande ampleur, pour dénoncer ce laisser-aller lourd de conséquences et appellent le gouvernement à réagir pour organiser et, pourquoi pas, centraliser et contrôler les circuits d’aides sociales et éviter les mélanges de genres auxquels nous sommes devenus des habitués en Tunisie.
Selon certains analystes, notamment l’universitaire et économiste Mohamed Salah Hmaidi, toutes les aides sociales, d’où qu’elles viennent, doivent impérativement être centralisées et livrée à l’Union tunisienne de solidarité sociale (UTSS) ou encore au Croissant rouge tunisien, les seules organisations reconnues officiellement et habilitées à collecter et à redistribuer les aides aux nécessiteux, en toute neutralité.
Interpellé sur cette question, Khemaies Jhinaoui, ministre des Affaires étrangères, a, dans une déclaration à l’agence Tap, hier, lundi 13 mai 2019, précisé que son département a rappelé les ambassadeurs des pays ayant fourni des aides sociales aux Tunisiens démunis la nécessité de passer par les voies officielles pour faire parvenir ces aides à ceux qui en ont besoin, sans porter atteinte à leur dignité.
La générosité donnée en spectacle
«La Tunisie est certes reconnaissante mais elle refuse que ces aides soient distribuées directement par des parties étrangères aux bénéficiaires et encore moins qu’elle soient mises en scène publiquement, portant atteinte à la dignité des Tunisiens», a insisté M. Jhinaoui.
Le chef de la diplomatie tunisienne fait ici allusion aux généreux donateurs qui s’affichent aux côtés des gens qu’ils aident devant les caméras et diffusent ces images humiliantes sur les réseaux sociaux ou, comme c’est le cas du patron de Nessma TV, Nabil Karoui, sur les écrans de télévision.
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