Un bateau égyptien ayant secouru 75 migrants dans les eaux internationales est bloqué depuis hier soir, samedi 1er juin 2019, au large de Zarzis (dans le sud-est de la Tunisie), les autorités estimant ne pas avoir les moyens logistiques pour accueillir ces nouveaux migrants.
C’est, en tout cas, ce qu’ont rapporté le capitaine et une Ong tunisienne.
Le navire, un ravitailleur-remorqueur desservant depuis la Tunisie une plateforme pétrolière offshore, a croisé, vendredi matin, au large de Sfax, une embarcation transportant 75 migrants, dont une majorité de Bangladais, dans les eaux internationales.
Les migrants étant perdus et leur moteur en panne, l’équipage du remorqueur a alerté les centres de secours les plus proches, Rome et Malte, a indiqué à l’AFP son capitaine. À défaut d’intervention des secours, alors que la météo se dégradait, le remorqueur a fait monter les migrants à bord et s’est dirigé vers le port de Zarzis, dans le sud de la Tunisie, a-t-il ajouté sous couvert d’anonymat.
Le gouverneur réclame du soutien
Mais depuis vendredi soir, les autorités tunisiennes refusent au bateau l’accès au port, a indiqué le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), ajoutant que le gouverneur de la région réclame du soutien pour accueillir les migrants, dont les arrivées dans le sud de la Tunisie depuis la Libye voisine se sont multipliées ces derniers mois.
Les migrants – 64 Bangladais, 9 Egyptiens, un Marocain et un Soudanais – ont indiqué être partis de Zouara, dans l’ouest de la Libye, selon le FTDES.
Le 10 mai, une soixantaine de migrants originaires en majorité du Bangladesh avaient péri dans le naufrage de leur embarcation au large de la Tunisie, selon les 16 rescapés repêchés par des pêcheurs tunisiens.
Un navire militaire italien a secouru, jeudi dernier, 100 personnes, expliquant qu’elles étaient en danger de mort.
Medenine ne peut plus accueillir de migrants
Le responsable du bureau du Croissant-Rouge, Mongi Slim, a assuré que la ville de Medenine est débordée et ne peut plus accueillir des migrants faute de capacité d’accueil et de lieux pour abriter un nombre de plus en plus important d’individus.
Bien que ces migrants ne soient pas entrés dans le port de Zarzis jusqu’à ce jour, a-t-il fait remarquer, une intervention a été entreprise pour fournir les soins nécessaires à 5 d’entre eux et leur permettre de manger.
Depuis 2011, la ville de Médenine porte la charge de l’action humanitaire, ce qui a épuisé ses capacités et soulevé plusieurs questions sur la disponibilité d’espaces d’accueil ou la pression exercée par des citoyens et des organisations.
Le président de l’Observatoire tunisien des droits de l’homme (OTDH), Mustapha Abdelkabir, a déclaré que la ville de Médenine «devrait prendre sérieusement en considération le volet sécuritaire en cette conjoncture régionale agitée notamment en Libye».
Il a mis en garde contre le fait que «ces migrants sont reçus sans aucune pièce d’identité ni document de voyage, ce qui pose d’énormes problèmes au regard du caractère délicat de la situation dans cette région proche de la frontière tunis-libyenne».
M. Abdelkabir a appelé le gouvernement tunisien à établir un plan national pour traiter ce problème et activer les cellules de crise, affirmant que «sauver des migrants et des vies humaines est une tâche humanitaire.»
H. M.
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