La réussite à l’examen national du baccalauréat reste symboliquement quelque chose de fort, mais ne garantit en rien la réussite d’une vie. Alors levez haut la tête, les glandeurs, et souriez !
Par Mohamed Sadok Lejri *
Les jeunes candidats qui viennent de rater leur bac ne devraient pas se mettre martel en tête. Ils gagneraient à s’orienter, dès maintenant, vers une formation professionnelle. Ça leur fera gagner quelques années. Les plus filous et les plus vénaux d’entre eux peuvent, dès maintenant, rejoindre la faune putassière et intégrer l’école de la crapulerie, une école dont les lauréats règnent désormais en maîtres absolus dans cette Bédouinie qu’est devenue la Tunisie.
Des années et des années à se bercer d’illusions
C’est triste de voir des jeunes gaspiller leur vie en faisant des études inutiles pour passer, par la suite, des années et des années à se bercer d’illusions. C’est triste de voir des jeunes diplômés universitaires quasi-analphabètes dévorés par une stérile et vaine espérance, ayant marre de se répéter sans la moindre conviction que demain ira mieux, sombrer dans la dépression et s’embarquer clandestinement vers la rive nord dans des barques de fortune.
On persiste à tromper les jeunes en les laissant croire qu’en entrant à l’université, ils vont se doter et accéder à un métier rémunérateur et flatteur une fois le diplôme en poche, comme c’était le cas le siècle dernier. Les parents rêvent de voir leurs enfants exercer un métier prestigieux, mais les places sont chères et s’obtiennent par une sélection de fait; cette sélection ne s’opère plus lors des études secondaires (sixième et bac) et à l’université, mais se fait désormais plus tard dans le monde professionnel. Aujourd’hui, tout le monde peut accéder à l’université, mais l’accès au marché de l’emploi est une autre paire de manches.
La réussite au bac ne garantit en rien la réussite d’une vie
Les jeunes, une fois le diplôme universitaire en poche, se mettent à croire à leur avenir dans des fonctions supérieures, lesquelles sont limitées. Ils passent alors des concours qui ne sélectionnent que les plus qualifiés, les plus pistonnés et surtout les plus «arroseurs». Ils auront ainsi perdu cinq, huit, dix années de leur vie, voire plus, et, par conséquent, auront le sentiment d’avoir été dupés, trahis. Le malaise intérieur devient de plus en plus profond et les perspectives les moins agréables deviennent de plus en plus séduisantes.La réussite au bac reste symboliquement quelque chose de fort, mais ne garantit en rien la réussite d’une vie. Alors levez haut la tête, les glandeurs, et souriez !
* Universitaire.
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