Le patron de Nessma TV et président du parti récemment créé Cœur de Tunisie, Nabil Karoui a été entendu ce matin, vendredi 12 juillet 2019, par le juge d’instruction au Pôle judiciaire financier de Tunis sur les soupçons de corruption et blanchiment d’argent, dont il fait l’objet.
Nabil Karoui, candidat à la candidature pour la prochaine présidentielle, était entouré de ses fans, qui se sont rassemblés à l’Avenue Mohamed V, au centre-ville de Tunis, à quelque 100 mètres du Pôle judiciaire financier, lançant des youyous et des «Vive Nessma», «Vive Nabil» et «Vive la justice» pour marquer leur soutien au patron de Nessma.
Ce dernier croit pouvoir échapper à la justice par la communication, métier où il est passé maître, et en transformant une affaire purement judiciaire (les soupçons pesant sur lui sont très graves) en une affaire politique.
Le patron de Nessma a d’ailleurs profité de la présence des caméras, notamment celles de sa chaîne toute vouée à son service, pour tenir son habituel discours de victimisation, accusant des parties hostiles à sa personne d’instrumentaliser la justice pour faire pression sur lui et tenter de l’écarter de la course aux élections législatives et présidentielles auxquelles il compte se présenter, sachant que les plaintes déposées contre lui par l’Ong I Watch remontent à 2016 et que ses ambitions politiques sont toute récentes.
En fait, M. Nabil Karoui veut faire comme son idole et son associé dans Nessma, l’ancien président du conseil italien Silvio Berlusconi, accusé lui aussi de corruption et de blanchiment d’argent, et qui a échappé à la justice de son pays en accédant à la magistrature suprême et en faisant promulguer des lois taillées sur mesure pour lui et lui assurant l’impunité.
Notons que les avocats de M. Karoui ont demandé, aujourd’hui, le report de l’audition et la levée de l’interdiction de voyage et du gel des avoirs de leurs clients, décidés la semaine dernière. La prochaine audience a été fixée pour le 23 juillet.
Ce sera le prochain épisode de la (mauvaise) série de l’été. Parions que Nabil Karoui s’y préparera en multipliant les campagnes de diffamation et de dénigrement sur sa chaîne de télévision contre le gouvernement, et contre les politiques et les médias qui font honnêtement leur travail et refusent de voler au secours d’un magnat de la télévision, louche et menteur, poursuivi dans des affaires de corruption et de blanchiment d’argent.
Y. N.
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