Dans le Golfe de Tunis, des déchets domestiques et industriels de 728.453 habitants, se déversent dans la mer, rendant les plages impraticables, et s’ajoutent aux flux provenant des ports et des zones industrielles avoisinants.
Par Amina Mkada
C’est ce qu’écrit le journal britannique ‘‘The Guardian’’, dans son article publié le 9 juillet 2019, mettant à nu la pollution des eaux du Golfe de Tunis en particulier, et celles du pays à une échelle plus large.
Ce n’est pas là, à proprement parler, une bonne publicité pour la destination Tunisie. Mais un véritable repoussoir.
Nous traduisons, ci-dessous, les principaux commentaires de cet article. Pour informer ceux qui de droit et inciter les responsables de la préservation de l’environnement en général et du littoral en particulier à réagir pour essayer de mettre fin à ce gâchis qui ne saurait durer sans mettre en péril les ressources naturelles et économiques du pays et sans faire peser des dangers sur la santé de ses habitants.
Des eaux usées rejetées directement vers la mer
Les problèmes de pollution en Tunisie ne sont pas nouveaux. Ses industries lourdes ont un impact sur la qualité de l’eau, depuis des années. Cependant, depuis la révolution de 2011, il est au moins devenu possible de discuter de l’impact de son héritage industriel sur l’environnement.
Officiellement, environ 1/4 des eaux usées tunisiennes sont recyclées, notamment pour irriguer les terres agricoles du pays. Le reste (environ 247 millions de mètres cubes par an) est expulsé par les usines de traitement du pays directement dans la mer, et les voies navigables intérieures.
Selon les réglementations environnementales, les eaux usées industrielles doivent être traitées à la source, avant d’être transférées pour un traitement ultérieur. Cependant, les militants s’interrogent sur la rigueur avec laquelle cela est appliqué.
Trois usines de traitement des eaux usées desservent la population, située autour du Golfe de Tunis: à Raoued (nord-ouest du Golfe), à Radès (très près de La Goulette), et à Soliman (ville côtière à environ 35 km au sud-est de Tunis). Toutes 3 sont gérées par l’Office national de l’assainissement (Onas), une agence du ministère de l’Environnement et du Développement durable, fortement subventionnée selon les activistes, par des prêts d’organisations internationales.
«Les poissons, en particulier les plus gros, meurent.»
Selon Morched Garbouj, président du groupe de pression environnemental SOS Biaa, a confié à ‘‘The Guardian’’: «Nous avons testé l’eau entrant dans ces stations d’épuration, et nous l’avons vérifiée en sortant, et je peux vous dire qu’il y a très peu de différence».
La déclaration de Wafa Hmadi, une coordinatrice de programme du groupe environnemental RAJ Tunisie, cité par le journal, est tout aussi accablante: «Ce n’est pas seulement le Golfe de Tunis. Près de la ville industrielle de Sfax, de Gabès, et du bassin minier de phosphate de Gafsa, des étendues côtières entières sont tout à fait inutilisables. De nombreuses voies navigables tunisiennes sont également touchées par l’industrie lourde, comme la fabrication du papier. Les polluants issus de l’industrie se retrouvent dans l’environnement local, impactant les populations locales, avant de se diriger vers la mer». Et elle ajoute, sonnant l’alarme : «Les poissons, en particulier les plus gros, meurent. Certaines zones sont totalement mortes. Il n’y a vraiment pratiquement aucune surveillance. Les pollueurs industriels peuvent expulser leurs déchets en grande partie sans traitement, car il n’y a pas d’inspection et personne ne les tient pour responsables».
Nous rajouteront à l’article de ‘‘The Guardian’’ que le gouvernorat de Tunis (le plus industrialisé du pays), compte, selon le Répertoire national des entreprises de l’Institut national de la statistique (INS), 137.914 entreprises privées, dont celles situées dans la zone côtière comme au Kram (5.311), à Carthage (2.641), et à la Marsa (15.604). Ajoutées à ces entreprises, la ville côtière de Raoued, du Gouvernorat de l’Ariana, avec 7.493 entreprises.
Un total de 31.049 entreprises réparties entre 4 villes, en plus des nombreux hôtels qui bordent les plages. Imaginons un peu comment tout ce beau monde se débarrasse de ses déchets….
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