Après un mois de compétition, la finale tirera le rideau de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2019), aujourd’hui, vendredi 19 juillet 2019 à partir de 20h (HT), à l’international stadium du Caire. Une nouvelle chance pour l’Algérie et le Sénégal et un choc entre la meilleure défense du tournoi (Sénégal, un but encaissé contre… l’Algérie) et la meilleure attaque (Algérie, 12 buts marqués).
Par Hassen Mzoughi
Les deux équipes ne sont pas à leur premier face-à-face. Elles se sont rencontrées 22 fois, dont la dernière, pas plus tard que le 27 juin dernier en phase de poules de la CAN, terminée par une victoire algérienne grâce à un joli but de Youcef Belaili (1-0). Le bilan global donne l’avantage à l’Algérie avec 13 victoires contre 4 pour le Sénégal, et 5 nuls. De quoi faire des joueurs de Djamel Belmadi les favoris de cette finale.
Le choc des frustrés
Pour l’Algérie, c’est un rendez-vous pour réécrire son histoire, 29 ans après le but victorieux de Chérif Oudjani en finale face au Nigeria (1-0); le Sénégal est là pour effacer sa défaite aux tirs au but contre le Cameroun en 2002 (0-0, 3 t.a.b. à 2) et inscrire, enfin, son nom au palmarès de l’épreuve.
Ainsi, si la dernière finale disputée par les Verts remonte à très loin, soit trois décennies, cela est assez récent pour le Sénégal (2002). Il faudra toutefois noter que c’est seulement la seconde de l’histoire de la CAN pour les Lions de la Teranga, contre 3 pour les Verts.
Un «choc» de frustrés qui promet d’être chaud. Au Caire… et ailleurs. Les Verts ne se sont jamais inclinés face aux Lions en phase finale d’une CAN. En effet, en attendant cette 5e confrontation algéro-sénégalaise en phase finale, l’Algérie, invaincue en Egypte, mène par 3 succès (CAN-1990, 2015 et 2019) contre un seul match nul (CAN-2017).
L’Algérie de Belmadi, tout pour l’attaque
L’attente est énorme chez les Fennecs. Et depuis le temps, ils ont enchaîné les déceptions. Une défaite en quarts à la CAN 2017, une élimination dès le premier tour l’édition suivante et l’échec de leur qualification au Mondial 2018. Le tout en ayant changé 6 fois d’entraîneurs lors de ces derniers 4 ans.
L’Algérie veut briser la malédiction et elle en a les atouts. Elle a d’abord retrouvé le jeu algérien qui est foncièrement offensif. Durant cette Coupe d’Afrique, elle n’est pas restée derrière mais Djamel Belmadi et ses joueurs ont élaboré un jeu direct avec 3 attaquants, le chef d’orchestre Riyad Mahrez, le Suarez algérien Baghdad Bounedjah et Youcef Belaili, et deux milieux terrains créateurs, la révélation de cette CAN, Ismaël Bennacer, tout juste racheté 16 millions d’euros par l’AC Milan, ou encore Sofiane Feghouli, présent en sélection depuis 2012.
Grâce à ce schéma, l’Algérie a marqué beaucoup de buts. La première défense étant l’attaque, on a vu les efforts de Bounedjah et Mahrez qui essayent de récupérer le ballon dans la moitié du terrain adverse, c’est donc l’attaque à outrance. Mais l’Algérie compte aussi sur un formidable collectif défensif.
Des Fennecs gladiateurs
Outre l’apport des avants dans l’effort de récupération, les deux pivots Ismaël Bennacer et Adlène Guedioura (Nottingham Forest-Angleterre), les deux meilleurs de la CAN à leur poste, font un énorme travail de pressing devant la solide ligne défensive composée de Rais Mbohli dans les buts, Aissa Mandi, Djamel Benlamri, dans l’axe, Ramy Bensebiani et Mehdi Zeffane, l’excellent remplaçant de l’arrière droit Youcef Attal, blessé en quart de finale.
On voit l’empreinte de Djamel Belmadi avec cette combativité sur le terrain. Belmadi a surtout réussi à apporter de la discipline et un esprit de groupe. Les joueurs qu’il a convoqués sont quasiment les mêmes qui étaient là avec d’autres entraîneurs étrangers et avec Rabah Madjer. Lui a su mettre de l’ordre dans son effectif. C’est le numéro 1 de cet exploit algérien durant la CAN. Il rassure même le peuple algérien : «On va se battre comme on s’est battu jusqu’à présent. Voilà ce que je peux promettre. On va faire le maximum», promet-il.
La force de l’Algérie c’est tout le groupe; les joueurs-gladiateurs sont tous au niveau, tout le monde attaque et tout le monde défend. Belmadi a formé un collectif ; il a réussi à faire oublier le jeu individuel de certains joueurs, qui disent jouer maintenant pour l’équipe nationale et non pour un titre individuel.
17 ans après, une nouvelle chance pour le Sénégal…
Le Sénégal ne veut pas laisser passer, lui non plus, sa nouvelle chance de remporter la coupe. Une occasion qu’il attend depuis maintenant 2002. Aliou Cissé, le coach atteint le même objectif qu’il y a 17 ans. Son prochain but est de ramener la coupe et il peut compter sur la motivation de son équipe. Cette seconde chance, le Sénégal la mérite. Après un parcours presque parfait, il vit une demi-finale à rebondissements, premièrement à cause d’un penalty accordé à la Tunisie. Le gardien Alfred Gomis parvient à arrêter le tir de Ferjani Sassi. Mais les Sénégalais doivent leur qualification à une erreur monumentale de Mouez Hassen, le gardien tunisien. Et à un second penalty évident non accordé à la Tunisie. Une autre «main de Dieu»!
Les Lions de la Teranga, ainsi portés par le «destin», sont prêts à écrire la légende pour la première fois de l’histoire du football sénégalais en ramenant la Coupe d’Afrique à Dakar. L’équipe peut compter sur ses multiples forces. Pour commencer, l’attaquant de Liverpool Sadio Mané, ou encore son milieu de terrain d’Everton, Idrissa Gueye. Mais également sur les buteurs de cette édition : Sarr, Niang, Baldé, Konaté et Diatta. Sans oublier les remparts de la défense composés de Wagué et Sabaly, en l’absence de leur roc, Kalidou Koulibaly (Naples), suspendu pour 2 cartons jaune en 3 matches. Ils pourront s’appuyer sur leur mental et leur régularité.
La motivation sera donc la chose la mieux partagée ce soir sur la pelouse du Stade international du Caire.
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