Le Théâtre romain de Carthage a accueilli mardi dernier, 23 juillet 2019, trois jeunes artistes de la nouvelle scène alternative tunisienne : Nidhal Yahyaoui, Zied Zouari et Lina Ben Ali, dans le cadre de la 55e édition du Festival international de Carthage.
Par Fawz Ben Ali
La direction du Festival de Carthage a eu l’heureuse idée de programmer cette soirée dédiée à la découverte de jeunes artistes tunisiens au grand talent, appartenant à des univers différents et reflétant la richesse et la diversité de la musique tunisienne actuelle.
Une star est née
C’est la jeune chanteuse Lina Ben Ali qui a ouvert le bal à 22 heures exactes, accompagnée de sa troupe de musiciens, choristes et danseurs, sur une reprise de ‘‘Shallow’’ de Lady Gaga et Bradley Cooper, chanson thème du film américain ‘‘A star is born’’ (Une star est née), un choix qui fait écho à ce premier passage au Festival de Carthage marquant un tournant dans la carrière de la jeune chanteuse, un peu comme une renaissance.
D’ailleurs, Lina Ben Ali n’a pas caché son émotion de se retrouver pour la première fois sur la prestigieuse scène du Théâtre romain de Carthage, où elle a alterné entre des chansons personnelles en anglais et en dialecte tunisien, dont des exclusivités de son premier album qui n’est pas encore sorti, et beaucoup de reprises d’artistes qui l’inspirent comme ‘‘I have nothing’’ de Whitney Houston, ‘‘I put a spell on you’’ de Nina Simone ou encore ‘‘Wahrane’’ de Cheb Khaled. Des chansons qui exigent maîtrise et justesse, et qui ont permis à la jeune chanteuse de dévoiler l’étendue de ses capacités vocales.
Réinventer les musiques régionales
Après un bref entracte, la soirée s’est poursuivie avec le projet musical ‘‘Electro Btayhi’’ du violoniste Zied Zouari, qui était aussi présent l’année dernière à la clôture du festival, invité par Mohamed Ali Kammoun dans le spectacle ‘‘24 parfums’’.
Cette année, le violoniste virtuose revient avec un projet personnel et ambitieux, né en 2018 d’une résidence artistique à l’Association L’Art Rue, avec les deux musiciens Imed Twinlo au beatbox et Ghassen Fendri à la guitare.
‘‘Electro Btayti’’ propose de revisiter les musiques populaires régionales en leur apportant des sonorités nouvelles, notamment, le jazz, l’électro et le hip-hop.
Zied Zouari s’est entouré à cette occasion d’une panoplie de musiciens venus des différentes régions du pays et a également invité ses deux enfants de 11 et de 7 ans (au violon et à la guitare électrique) pour l’accompagner sur le titre ‘‘Kalou thawra’’.
«Il s’agit d’un petit extrait d’un grand projet», a souligné Zied Zouari, étant donné que la direction du Festival avait prévu seulement 40 minutes pour chaque projet.
L’héritage berbère à l’honneur
La troisième et dernière partie de la soirée a été réservée à Nidhal Yahyaoui, venu présenter son dernier projet ‘‘Chaôuia’’. Après ‘‘Bargou 08’’ autour des chants traditionnels de Siliana, et ‘‘Alphawin populaire’’ qui marie le mezoued à l’électro-rock, Nidhal Yahyaoui se lance dans une nouvelle aventure musicale tout aussi exceptionnelle pour réinventer le patrimoine musical tunisien, et c’est l’héritage berbère qui se trouve à l’honneur cette fois.
Le public a été vite embarqué dans cet univers à mi-chemin entre l’ancestral et le moderne, témoignant d’un énorme travail de recherche, d’expérimentation musicale et de fusion.
Fidèle à un souci de perpétuel renouvellement et à une authenticité musicale rare, Nidhal Yahyaoui nous a proposé encore une fois un très beau projet porté par sa voix puissante et par un désir d’exporter la musique tunisienne au-delà de ses limites conventionnelles, là où les sons du bendir, de la zokra, de la batterie, ou encore de la guitare électrique… ne font plus qu’un. La musique est universelle et la Tunisienne, dans toute sa diversité, ne l’est pas moins.
Donnez votre avis