On parle souvent de l’exception tunisienne, et encore une fois les Tunisiens ont prouvé leur patriotisme. Aujourd »hui, samedi 27 juillet 2019, par milliers, sous un soleil de plomb, ils accompagnent le cortège funèbre de leur regretté président Béji Caïd Essebsi. Des images émouvantes qui resteront longtemps gravées dans la mémoire collective.
Par Yüsra Nemlaghi
Les funérailles de Béji Caïd Essebsi, décédé avant-hier, jeudi 25 juillet 2019, ont démarré, aujourd’hui, samedi 27 juillet, à 11 heures, par une cérémonie funèbre officielle, au Palais présidentielle de Carthage.
Ce fut un moment solennel et émouvant, durant lequel certains dirigeants ont laissé couler des larmes. Les présents ont écouté des oraisons funèbres poignantes, où des dirigeants, tunisiens et étrangers ont témoigné de la grandeur du président disparu et de son apport à la république dont il fut l’un des architectes. Et qu’il sut protéger lorsqu’elle était en danger, au lendemain de la révolution de 2011.
Le corps du défunt président était transporté à bord d’un véhicule militaire et escorté par la garde républicaine. Le cortège funèbre a ensuite pris la route vers le cimetière du Jellaz, en traversant les artères de Carthage, l’autoroute menant au centre-ville de Tunis, applaudi par des dizaunes de milliers de citoyens, debout sous le soleil de midi, et accompagné par des youyous et des «Vive la Tunisie», «Vive la République!»…
Au bord de la route, qui a semblé plus longue aujourd’hui, les Tunisiens, et surtout les Tunisiennes, étaient présents en grand nombre, attendant des heures entières le passage du cortège, agitant des drapeaux, entonnant l’hymne national et criant, de temps en temps, «Adieu Bajbouj», en utilisant le diminutif affectueux avec lequel ils aimaient appeler leur défunt président.
Au passage du cortège funèbre, il y a avait des hommes, des enfants et surtout des femmes, qui ont été très nombreuses en 2014 à donner leurs voix à celui qui, il y a un peu plus d’une année, a proposé un projet de loi pour instaurer l’égalité dans l’héritage entre l’homme et la femme, lequel projet de loi a été bloqué par les islamistes d’Ennahdha à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Il y eut des scènes de ferveur patriotique, fortes et émouvantes, notamment celles des policiers distribuant de l’eau aux citoyens qui attendaient depuis des heures sous le soleil pour pouvoir rendre un dernier hommage à leur regretté président et partager avec leurs enfants ce moment privilégié de ferveur républicaine. Le moment est historique, rare et exceptionnel pour toutes les générations qui étaient représentées au bord des routes traversées par le cortège.
Même dans les cafés et les salons de thé, où l’on regarde habituellement les matchs de football, les Tunisiens ont suivi en silence, à la télévision, les images des funéraillesde Béji Caïd Essebsi accompagné à sa dernière demeure, dans un mélange de tristesse, d’émotion et d’espoir. Car «Bajbouj» avait pris les rênes d’une Tunisie au bord de la guerre civile et il part aujourd’hui en la laissant pacifiée et réconciliée avec elle-même.
Ces images d’une Tunisie unie, calme et digne feront le tour du monde et montreront, s’il en est encore besoin, que les Tunisiens sont un peuple civilisé, discipliné et attaché à ses institutions républicaines. Un peuple qui sait, dans les moments difficile, puiser la foi et la volonté nécessaires pour pour sauver l’essentiel : sa liberté, son unité et sa souveraineté nationale.
«L’exception tunisienne», expression souvent utilisée par les médias étrangers, trouve sa justification dans cette capacité du petit peuple à se mettre à la hauteur des événements et à transcender ses divergences, ses querelles et ses doutes.
Aujourd’hui, à l’occasion des funérailles de l’un des plus grands hommes qu’elle a enfantés, la Tunisie offre l’image d’une nation qui regarde l’avenir avec certitude.
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