Citoyens, autorités administratives régionales et locales et représentants de la société civile de la région de la Kroumirie (nord-ouest de la Tunisie), ne discutent, ces derniers jours, que de l’autorisation accordée par le ministre de l’Agriculture à un concessionnaire pour abattre, sur 2 ans, 200 hectares de pin pignons dans la localité d’Oued Helal (sud-ouest du village d’Ain Draham).
C’est l’Union régionale du travail (URT) de Jendouba qui a donné l’alerte et remis aux médias une copie de l’autorisation signée par Samir Taieb, actuel ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques. En dépit de ces preuves, le ministère n’a pas daigné réagir pour expliquer à l’opinion publique les tenants et aboutissants de ce marché.
Les Kroumiriens, qui connaissent bien la fragilité de l’écosystème régional, craignent une déforestation de cette zone et son exposition aux processus d’érosion et de glissements de terrains.
Traumatisés par de mauvais antécédents, ils ont encore à l’esprit les glissements spectaculaires de terrains qui ont eu lieu, en 2012, suite aux fortes chutes de neige. Ils se rappellent également le massacre, en 1983, de millier d’hectares de forêt par l’ingénieur principal en charge, à l’époque, du district des forêts d’Ain-Draham.
Pour mémoire, poursuivi en justice, cet ingénieur et ses complices ont écopé de 20 ans de prison mais les dommages occasionnés à la forêt sont encore visibles jusqu’à ce jour.
Pour revenir à la concession de 200 hectares de pin pignons (pin parasol), il est vrai que ce type de forêts sont des forêts artificielles plantées lors des années 60 dans le cadre d’une grande campagne nationale de boisement deviennent exploitables voire abattables après 35 ans selon des critères techniques bien déterminés. Ainsi, le concessionnaire autorisé à exploiter les parcelles objet de la concession ne doit abattre que les arbres qui arrivent à maturité. Et c’est là le hic.
Ce que craignent justement les écologistes de la région c’est la tendance de ces concessionnaires à utiliser ces autorisations pour exploiter frauduleusement les parcelles de proximité et y commettre de véritables massacres, et ce, en l’absence de tout contrôle. Ce scénario s’est répété à maintes reprises.
Khémaies Krimi
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