Abdelfattah Mourou, candidat aux élections présidentielles anticipées de dimanche prochain, 15 septembre 2019, sous la bannière du parti islamiste Ennahdha, dont il est le co-fondateur et vice-président, est théologien, avocat et homme politique.
Mourou a fait des études supérieures à la Faculté de droit de Tunis et à l’Institut de théologie. Il intégra le corps de la magistrature de 1972 à 1978, puis poursuivit une carrière d’avocat pendant 40 ans environ.
Imbu de l’idéologie des Frères musulmans depuis sa prime jeunesse, ce Tunisois a co-fondé, avec Rached Ghannouchi, le Mouvement de Tendance islamique (MTI) à la fin des années 60, qui devint le parti politique Ennahdha, dont il fut secrétaire général. Il est aussi un des fondateurs de l’Association des jeunes magistrats de Tunis, dont il a assuré la présidence. Et contribua également à la création de l’Association de sauvegarde du Coran et fut son premier secrétaire général.
Mourou a été emprisonné, assigné à résidence surveillée et interdit de voyage pour ses activités politiques et sa participation aux mouvements contestataires, s’opposant au régime de Bourguiba dans les années 70 et 80.
A partir de 1992, et l’attentat de Bab Souika, il prit ses distances vis-à-vis d’Ennahdha, dont des membres ont commis cet attentat meurtrier. Et ce fut pour lui, comme pour Ennahdha, une longue traversée du désert.
Au lendemain de la chute de Ben Ali en janvier 2011, les dirigeants islamistes sont rentrés en Tunisie après un long exil et Mourou, resté en Tunisie, reprit sa place parmi eux. C’est ainsi qu’en 2014, il fut élu à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et occupa le poste de premier vice-président. Le 25 juillet 2019, Mourou devient président de l’ARP par intérim, en remplacement de Mohamed Ennaceur, investi des fonctions de président de la République par intérim.
Né le 1e juin 1948 à Tunis, marié et père de 4 enfants, Abdelfattah Mourou a toujours représenté le visage avenant d’Ennahdha.
Ce bourgeois tunisois offre l’image d’un islamiste modéré voire moderne, si tant est qu’un islamiste puisse vraiment l’être. Mais sur les questions fondamentales (l’égalité successorale entre l’homme et la femme, par exemple), il reste fermement attaché à l’idéologie des Frères musulmans. Il représente le masque d’Ennahdha, et son leurre, disent les laïcs, qui voient dans sa candidature à la magistrature suprême une énième tromperie d’Ennahdha.
A. M.
Donnez votre avis