Présent à l’émission «La matinale» sur la radio Shems FM, aujourd’hui, 28 octobre 2019, le secrétaire général de l’Union populaire républicaine (UPR), Lotfi Mraïhi, a fait le tour de l’actualité politique tunisienne, tout en indiquant la position de son parti vis-à-vis des questions les plus cruciales…
Par Cherif Ben Younès
Interrogé notamment sur la formation du prochain gouvernement, M. Mraïhi a affirmé que face aux difficultés que rencontre Ennahdha (étant le parti qui a récolté le plus de sièges au prochain parlement) dans cette mission, «la solution la plus rationnelle» consiste à refaire les élections législatives.
«Le problème de ces élections, depuis 2011, est la présence d’indépendants, qui n’obtiennent pas de sièges, tout en éparpillant les voix des électeurs. S’il n’y avait eu que des partis, il n’y aurait pas eu de problème.»
Le pneumologue a néanmoins estimé que le contexte actuel du pays ne le permet pas : «On a épuisé les Tunisiens avec les élections». Lui, qui est si soucieux de l’état économique du pays n’a eu que ce léger argument pour relativiser «son idée». Plutôt curieux…
Lotfi Mraïhi pointe les indépendants du doigt
Lotfi Mraïhi prétend donc, comme d’habitude, faire preuve de logique et d’esprit cartésien, mais force est de constater que son raisonnement est assez approximatif.
D’abord parce que le problème qu’il a avancé pour remettre en question la pertinence des résultats des législatives ne sera pas résolu si on refait les élections, puisque les indépendants y participeraient quand même, de nouveau.
Proposer de changer la loi électorale pour les élections de 2024 est donc la seule suggestion «rationnelle» pour faire face à ce présumé souci. Et encore faut-il justifier cette décision de priver les gens qui n’appartiennent pas à des partis politiques de leur droit constitutionnel d’accéder au pouvoir législatif.
Et puis, il est évident que c’est plutôt l’émiettement des voix entre les partis les plus populaires qui est le souci principal et non pas la présence d’indépendants.
En effet, c’est la répartition du plus grand nombre de sièges à la prochaine Assemblée des représentants du peuple (ARP) entre pas moins de 7 partis qui a empêché l’un d’entre eux de détenir une majorité parlementaire et qui a, par conséquent, compliqué la tâche de former un nouveau gouvernement. Le fait qu’il y ait eu des indépendants ou pas est secondaire.
Mais est-ce la vraie raison de son idée de refaire les élections ?
Toutefois, il est difficile de croire que que de telles évidences échappent à M. Mraïhi. Pourquoi, alors, a-t-il évoqué, si tôt, ce scénario qui serait quasiment chaotique pour le pays, notamment sur le plan économique?
Sans vouloir lui faire un procès d’intention, la vraie raison pour laquelle il souhaiterait de nouvelles élections pourrait simplement correspondre à l’échec qu’a connu son parti lors de celles du 6 octobre (2,1% des voix, soit 3 sièges au parlement). Un échec forcément frustrant au regard de son score au premier tour de la présidentielle (7e avec 6,56% des voix), 3 semaines plus tôt.
Or, selon plusieurs analystes, cette chute est due essentiellement au fait que le parti de M. Mraïhi était beaucoup moins connu que lui-même. Il va, donc, sans dire que si les élections seront refaites, les chances de l’UPR augmenteront, puisque le médecin aura suffisamment de temps pour le faire connaître, notamment auprès de ses électeurs à la présidentielle.
Les autres hypothèses ont été balayées
Lotfi Mraïhi a, par ailleurs, indiqué qu’il serait difficile de mettre en place un Nahdhaoui à la tête du gouvernement, car le parti islamiste serait victime de «chantage» dans ce cas. Et il a également écarté l’hypothèse d’un «gouvernement du président», comme cela a notamment été suggéré par le mouvement Echaâb, parce que cela «contredirait notre constitution» attribuant au parti gagnant des législatives la mission de constituer le gouvernement.
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