Après avoir ouvertement critiqué l’ancien président de la République, Habib Bourguiba, dans l’émission « Maa Sameh Meftah », sur la chaîne de télévision Hannibal TV, Seifeddine Makhlouf, député élu sur une liste de la coalition Al Karama, s’est vu attaquer de tout bord…
Par Cherif Ben Younès
La dernière attaque en date, et probablement la plus virulente, a émané du journaliste et chroniqueur Lotfi Laamari.
«Ils m’ont demandé de répondre à ce rat terroriste, sale et souillé, ce dayouth [mot péjoratif arabe] puant, qui se cache derrière sa robe d’avocat, ce mercenaire du sang des martyrs, qui défend le terrorisme et les terroristes et dont la bassesse l’a poussé à diffamer son maître, le leader Habib Bourguiba, sans lequel il serait resté un rat parmi ceux des égouts. Mais le rat reste un rat même lorsqu’il s’habille de robes ou lorsque la stupidité du moment lui donne l’immunité», a notamment écrit M. Laamari sur son profil Facebook.
Violence verbale et incitation à la haine
On vous épargnera le reste du statut parce qu’il n’y aura, tout bonnement, pas de réponse. Il n’y a eu que des insultes. Une vraie démonstration d’insolence qui devrait inciter Seifeddine Makhlouf à porter plainte pour violence verbale et incitation à la haine, bien que le journaliste ait pris le soin de ne pas citer son nom, faisant preuve, pour le coup, de beaucoup de courage. Tout comme le politicien Touhami Abdouli qui avait insulté, quelques heures plus tôt, pour la même raison, la présentatrice de l’émission, Samah Meftah.
La publication de M. Laamari rouvre, pour la énième fois, le débat sur la liberté d’expression. Un droit qu’il a vraisemblablement des difficultés à cerner, puisque d’une part, il n’a pas digéré des critiques qui sont, indépendamment de leur pertinence, totalement légitimes, ayant visé un ancien chef d’Etat. Et que d’autre part, il en a dépassé toutes limites en émettant des mots aussi orduriers à l’encontre d’un citoyen, dont l’appartenance politique ou idéologique importe peu dans ce contexte.
La violence est la seule ligne rouge à ne pas franchir
Ce qui est encore plus regrettable, c’est le fait que M. Laamari exerce le métier de journaliste, dans un pays où la liberté de presse et d’expression sont garanties, et qu’il est, de ce fait, bien placé pour savoir que tout le monde a le droit d’exprimer ses opinions en toute liberté, que personne n’est au-dessus de la critique et que la violence est la seule ligne rouge à ne pas franchir.
C’est d’autant plus surprenant que c’est ce Lotfi Laamari lui-même qui s’est plaint, il y a tout juste quelques jours, de la vague de violence verbale et d’incitation à la haine qui l’a visé lui et ses confrères d’El Hiwar Ettounsi, pour avoir également critiqué un chef d’Etat, à savoir le nouveau président de la République, Kaïs Saïed.
Pour rappel, le politicien islamiste, Seifeddine Makhlouf, avait, entre autres, critiqué «la glorification et la déification exagérées» de Habib Bourguiba, ainsi que sa dictature et son implication dans le meurtre et la torture de certains de ses opposants.
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