La plateforme «Think-Africa», en partenariat avec les organisations Tunis-Africa Business Council (TABC) et African Cooperation Network (ACN), a organisé, hier, 12 novembre 2019, à l’hôtel Sheraton de Tunis, un «roadshow» sur le marché kenyan. L’événement s’inscrit dans le cadre de la consolidation des activités d’exportation sur les marchés africains, et, plus particulièrement, le projet de promotion des activités d’export, créatrices d’emploi vers de nouveaux marchés africains (Pema), implémenté par le Bureau de la coopération allemande au développement (Giz).
Par Cherif Ben Younès
En l’occurrence, le roadshow d’hier visait à sensibiliser les exportateurs Tunisiens aux potentialités du marché kenyan et aux perspectives d’exportation qu’il présente, et sera complété par deux autres forums du même type, aujourd’hui, à Hammamet et demain, à Sousse. Des rencontres qui seront poursuivies par des visites de terrain dans d’autres régions tunisiennes, à l’instar de Siliana, Sidi Bouzid, Tozeur et Kébili.
Les exportations tunisiennes vers le Kenya ont augmenté mais demeurent faibles
Force est de constater que la conscience des exportateurs tunisiens envers les opportunités du marché kényan est en train de s’améliorer, comme en témoigne notamment l’augmentation des exportations tunisiennes vers le Kenya qui ont enregistré une hausse de 113% entre 2017 et 2018.
Pourtant, elles demeurent faibles, selon Bassem Loukil, président du TABC, qui a rappelé, lors de son allocution, que le chiffre global de ces exportations est assez timide étant en dessous des 60 millions de dollars attendus.
«La Tunisie est le 100e exportateur vers le Kenya alors que ce dernier est classé 3e pays importateur du marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa) après l’Egypte et la Libye», a-t-il ajouté.
M. Loukil a toutefois fait preuve d’optimisme, estimant que la Tunisie est capable d’accaparer ce marché «porteur» car les produits tunisiens y sont demandés : «Plusieurs sociétés kenyanes souhaitent, aujourd’hui, importer davantage de marchandises tunisiennes, et ce, malgré la distance et l’absence de lignes aériennes directes.»
Le président du TABC a souligné, dans le même ordre d’idées, que l’intégration de la Tunisie au marché du Comesa, qui compte 560 millions de consommateurs, permettra d’augmenter les opportunités d’affaires et de développer davantage les échanges entre les deux pays, tout en rappelant que le Kenya est un membre très important du Comesa et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Le marché kényan : de vraies opportunités à exploiter, dans divers secteurs
Slim Yahia, représentant du Centre de promotion des exportations de la Tunisie (Cepex), a, de son côté, présenté, de manière plus détaillée, notamment à l’aide de chiffres, les opportunités que présente le marché kényan pour la Tunisie.
Le secteur de la santé, par exemple, est en pleine croissance au Kenya et devrait croître, en moyenne annuelle de 7%, d’ici à 2022. Une croissance portée essentiellement par la mise en place de la stratégie de décentralisation depuis 2013, visant à mettre à niveau et à faciliter l’accès aux soins des populations par le développement des infrastructures.
Une évolution qui engendre, naturellement, de forts besoins, notamment, en installations et renouvellements de plateaux techniques, renforçant, par la même occasion, la demande de matériels médicaux et la mise en place des services associés (installation, maintenance, service après-vente, etc.).
Or, ces besoins peuvent être comblés, en grande partie, par les opérateurs tunisiens, notamment sur le marché des médicaments à base de produits mélangés et des produits hygiéniques (serviettes, tampons, couches, etc.).
D’un autre côté, le Kenya est l’un des principaux pôles technologiques et d’innovation en Afrique, avec le taux de pénétration d’internet le plus élevé du continent, soit 89%, en 2017. Il est aussi pionnier dans le domaine du paiement mobile grâce à l’implémentation du système M-Pesa. Et les entreprises TIC qui y sont implantées bénéficient, quant à elles, de l’une des meilleures infrastructures et vitesses de connexion en Afrique.
Toutes ces données laissent penser que de réelles opportunités sont à saisir pour les opérateurs tunisiens, notamment ceux qui fournissent des solutions de cyber-sécurité.
Le marché agroalimentaire kenyan représente lui aussi des potentialités importantes pour notre pays, notamment en ce qui concerne les produits transformés, tels que l’huile d’olive dont les importations kényanes sont de l’ordre de 1,8 millions de dollars en 2017, le sucre de canne qui a un volume d’importations de 121,5 millions de dollars à la même année, ou encore les pâtes alimentaires avec 17,7 millions de dollars d’importations.
Ces opportunités kényanes, et africaines de façon plus générale, pour la Tunisie, concernent également d’autres secteurs, comme celui des services ou encore celui du bâtiment et de la construction. Mais encore faut-il que toutes parties prenantes concernées mobilisent leurs efforts et coopèrent ensemble, en vue de les exploiter.
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