Le collectif #EnaZeda n’a rien pu faire pour barrer l’accès du palais du Bardo au député Qalb Tounes Zouhair Makhlouf, accusé de harcèlement sexuel par une jeune lycéenne de Nabeul. Le présumé coupable est à présent membre de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et, à ce titre, bénéficie de l’immunité parlementaire. Les dénonciateurs ont eu beau protester… la caravane de l’élu est passée.
Le nouvel élu de Qalb Tounes, un parti fondé et dirigé par Nabil Karoui, un président tout aussi sulfureux, Zouhair Makhlouf a donc pu hier, mercredi 13 novembre 2019, et sans encombre, prêter serment de nouvel élu de la nation, à l’instar de ses 216 collègues parlementaires, et a pu s’assurer que pendant toute la législature prochaine, de 2019 à 2024, il pourra poursuivre en toute sérénité sa carrière de représentant du peuple… et qu’il fera aussi les lois du pays – au grand dam des féministes tunisiens et du collectif #EnaZeda, l’équivalent tunisien du #MeToo anglo-saxon ou des #Moi Aussi et #BalanceTonPorc français.
L’accusation d’indécence et de harcèlement sexuel, que M. Makhlouf a niée, avait suscité la vive indignation des Tunisiens et donné le courage à des milliers de femmes tunisiennes de partager sur les réseaux sociaux leurs malheureuses expériences de harcèlement sexuel. L’association féministe Aswat Nissa (Voix de femmes) a mis sur pied un groupe Facebook, #EnaZeda, où les victimes, désormais décomplexées et débarrassées de leur mutisme coupable, ont pu partager leurs drames. #EnaZeda compte aujourd’hui 21.600 membres.
Toute cette agitation et tous ces efforts d’Aswat Nissa, d’#EnaZeda et de tous ceux qui les ont soutenus n’ont rien pu faire pour que cette accusation portée contre Zouhair Makhlouf soit tirée au clair.
Il y a tout même raison de positiver : la Tunisienne sait désormais qu’être victime de harcèlement sexuel «n’est pas un crime». Au contraire, c’est au harceleur de prouver son innocence.
Marwan Chahla
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