Le député Qalb Tounes, Oussama Khlifi, à peine arrivé au pouvoir, menace de saisir la justice contre toute personne impliquée dans la campagne de dénigrement contre son parti, ses dirigeants et ses députés ainsi que ses électeurs. Est-ce le début de la terreur ? Brr… nous commençons à trembler de peur!
Par Yüsra Nemlaghi
C’est dans un statut Facebook que le député fraîchement élu a écrit ces quelques mots, sans donner plus d’explications.
On sait cependant que depuis l’alliance entre Qalb Tounes et le parti islamiste Ennahdha, mercredi dernier, ayant permis l’élection de Rached Ghannouchi à la présidence du parlement, des électeurs déçus et se sentant trahis, ce qui est le cas, ont critiqué le parti à qui il ont donné leurs voix. Est-ce de ces derniers que M. Khélifi parle ?
Parole de traître !
Ce sentiment lancinant d’avoir été trahi, beaucoup d’électeurs de Qalb Tounes l’ont exprimé, en critiquant les dirigeants de ce parti et à leur tête son président Nabil Karoui, qui avaient juré ne jamais s’allier avec Ennahdha, parti qu’ils accusaient lors de la campagne électorale (présidée par Oussama Khlifi), d’être responsable de tous les maux du pays.
Parmi les détracteurs actuels de Qalb Tounes, on compte d’anciens grands défenseurs de Nabil Karoui, à l’instar de l’avocat Imed Ben Hlima, ou encore de l’écrivain Abdelaziz Belkhodja, qui a annoncé sa démission le jour de l’alliance Ennahdha-Qalb Tounes, en présentant de plates excuses aux électeurs qu’il a induits en erreur.
Pour le reste, M. Khlifi devrait nous expliquer si dire que Nabil Karoui est poursuivi en justice dans des affaires d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent, entre autres joyeusetés, c’est commettre un délit de diffamation.
M. Khlifi devrait nous expliquer aussi si le fait de dire que le député Qalb Tounes, Zouhair Makhlouf, est poursuivi en justice pour harcèlement sexuel, c’est commettre un délit de lèse majesté.
M. Khlifi devrait nous dire, par ailleurs, si affirmer que l’autre député Qalb Tounes, Ghazi Karoui, poursuivi lui aussi en justice dans des affaires d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent, disparu le jour de l’arrestation de son frère, le 23 août, et réapparu près de 3 mois après, et par une heureuse coïncidence, le jour même de la prestation de serment de la nouvelle assemblée, de manière à bénéficier de l’immunité parlementaire et fuir la justice, c’est commettre une grave entorse à la loi…
M. Khlifi doit nous expliquer, last but not least, ce qui nous est permis de dire et d’écrire sur Qalb Tounes et ses dirigeants, et nous préciser clairement les lignes rouges à ne pas dépasser, parce qu’après ses menaces, nous commençons vraiment à trembler de peur. Ben Ali est-il de retour déguisé en… Oussama Khlifi ?
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