Longtemps reportée, l’heure a peut-être sonné pour que le transporteur aérien national Tunisair assainisse vraiment ses finances. Entre autres urgences, la restructuration de l’entreprise devra passer par l’allègement de son lourd fardeau salarial… L’UGTT acceptera-t-elle ce coup de rabot salutaire ?
Par Marwan Chahla
Hier, mardi 26 novembre 2019, le Pdg de la société nationale, Elyès Mnakbi, est revenu à la charge en proposant que Tunisair, depuis très longtemps pliant sous le poids de pressions financières insupportables, remercie, l’an prochain, 400 de ses employés. Le sacrifice de cette séparation – 5% sur un effectif total de 8000 agents – n’est qu’un premier pas lorsque l’on sait que le transporteur national souffre de tant d’autres maux: la piètre qualité des services au sol et à bord des avions, les retards infinis de ses vols et l’immobilisation de ses appareils pour cause de manque de pièces de rechange…
Il faudra obtenir l’aval de l’Assemblée
«Dans le cadre d’une réforme structurelle, 400 employés devront quitter la compagnie en 2020, afin de réduire la masse salariale de l’entreprise et alléger ses difficultés financières», a déclaré M. Mnakbi à Reuters. Ce plan, qui a déjà été approuvé par le gouvernement, devra obtenir l’aval de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Et c’est vraiment là le cœur du problème: c’est au palais du Bardo que les choses se font ou ne se font pas. C’est là qu’on décide de secouer les choses, de temporiser ou de laisser les dossiers urgents traîner en long et en large. Par lâcheté ou par populisme ou par irresponsabilité, ou le tout à fois.
Par frilosité, aussi, par incompétence ou autres complicités malsaines, les représentants du peuple préfèrent tourner le dos à cette mauvaise gestion des entreprises nationales, qui croulent sous les dettes et sont maintenues sous perfusion, en puisant dans les caisses de l’Etat (donc dans la poche du contribuable) pour survivre.
L’UGTT et la descente en enfer des sociétés publiques
Entre-temps, ces sociétés, endettées et déficitaires à n’en plus pouvoir, continueront de végéter, car y toucher provoquerait aussi l’ire de l’ouvriériste Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui, à chaque fois que l’on ose parler d’assainissement des entreprises nationales et de leur meilleure gouvernance, brandit la menace de ses «lignes rouges à ne pas franchir.»…
Tous les gouvernements, qui se sont succédé depuis janvier 2011, ont caressé la centrale syndicale dans le sens du poil. Le prochain locataire du palais de la Kasbah aura-t-il le courage de faire ce qu’il doit faire ? Parions que non.
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