Dans une déclaration accordée aux médias présents à Dar Dhiafa, à Carthage, aujourd’hui, 28 novembre 2019, Habib Jemli, chef du gouvernement désigné, a notamment parlé de l’état d’avancement des concertations autour de la formation du prochain gouvernement, du risque de dépasser le premier délai constitutionnel (d’un mois) et de la possibilité d’inclure le parti controversée, Qalb Tounes, au gouvernement.
Au commencement de la 11e journée consacrée aux consultations officielles relatives à la formation du nouveau gouvernement, Habib Jemli estime que le temps y ayant été passé jusque-là est amplement justifié, rappelant que les anciens chefs de gouvernement l’avaient dépassé, alors qu’ils bénéficiaient de circonstances bien meilleures que celles auxquelles il fait face.
«Précipiter le choix des ministres avant de s’entendre sur un programme et sur une façon de diriger ce gouvernement n’aurait aucun sens», a souligné M. Jemli, ajoutant qu’il est nécessaire de prendre tout le temps nécessaire et d’éviter la logique des quotas partisans afin de ne pas reproduire les échecs du passé.
Habib Jemli a déclaré, par ailleurs, que les négociations sont toujours en cours avec les partis réticents… Il ne les a pas nommés, mais on imagine qu’il fait principalement allusion à Attayar et à Echaâb, assurant que la démarche, vis-à-vis de ces partis, est positive et qu’il garde l’espoir de parvenir à former «un gouvernement efficace, compétent, réunissant le plus large spectre politique et le plus grand soutien possibles».
Le candidat à la présidence du gouvernement a, sur un autre plan, indiqué que sa position «est claire» envers Qalb Tounes et sa possible participation au prochain gouvernement, assurant que, du fait de son indépendance, il n’a pas à suivre les directives des partis et pas même celles émanant de celui qui l’a désigné, Ennahdha.
Pour rappel, le leader du parti islamiste, Rached Ghannouchi, avait exprimé son opposition à la participation de Qalb Tounes au prochain gouvernement. Une déclaration dont la sincérité est très douteuse, notamment au vu de l’accord déjà trouvé entre les deux partis lors du vote pour la présidence et la vice-présidence de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), il y a quelques semaines.
On a plutôt tendance à croire qu’on se dirige vers le scénario planifié par les dirigeants d’Ennahdha : afficher publiquement leur rejet de Qalb Tounes pour paraître «cleans» aux yeux de leurs électeurs, auxquels ils ont promis, lors de la campagne électorale, de ne jamais gouverner avec ce parti, dont le président, Nabil Karoui, est sérieusement soupçonné de corruption… tout en se cachant derrière la prétendue volonté indépendante du chef du gouvernement qu’ils ont eux-même désigné pour justifier cette éventuelle alliance avec Qalb Tounes.
Bref, nous sommes là face à la même duplicité, au même double-langage et à la même hypocrisie ayant toujours marqué le discours et les positions d’Ennahdha, un parti dont les dirigeants disent souvent une chose et font exactement son contraire.
Cherif Ben Younès
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