«La décision n’a pas été facile, mais après mûre réflexion, je suis obligé de renoncer à toutes mes responsabilités au sein du parti», annonce le secrétaire général et député Ennahdha, Zied Ladhari, ce soir, jeudi 28 novembre 2019, en précisant ne plus être à l’aise avec certaines décisions prises par son parti, notamment celle relative à la formation du gouvernement.
La rumeur avait circulé plus tôt sur le net et Zied Ladhari a du publier un post Facebook pour expliquer les raisons ayant motivé sa décision.
Il précise avoir remis, au début de cette semaine, une lettre de démission, de son poste de secrétaire général et du bureau exécutif du parti, au chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi.
Ce dernier a refusé la démission du SG du parti, mais ils se sont revus hier, et Zied Ladhari indique avoir réitéré sa volonté à renoncer à ses responsabilités au sein d’Ennahdha.
«Je ne suis pas à l’aise avec un certain nombre de décisions importantes du parti. Et comme je n’ai malheureusement pas réussi à convaincre les institutions à abandonner certains choix, que j’estime contraires aux promesses électorales et allant contre l’intérêt du pays et la volonté des Tunisiens, j’ai fait ce choix de démissionner des instances du parti», explique le député.
M. Ladhari, ancien ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, explique aussi qu’il s’est opposé au récent choix d’Ennahdha relatif à la formation du prochain gouvernement : «J’ai l’impression que nous n’avons pas appris des précédentes erreurs et que nous nous apprêtons à les reproduire. J’estime que le prochain gouvernement doit être celui de la réforme et une occasion de sauver le pays, comme une ultime chance».
Zied Ladhari assure avoir tenté de convaincre les autres dirigeants du parti, et surtout Rached Ghannouchi, lors des dernières réunions, afin de choisir une personnalité indépendante et sur la base de ses compétences. Il a également évoqué ce sujet au sein du conseil de la Choura, mais en vain.
«Je ne peux poursuivre mes responsabilités dans de pareilles circonstances, d’autant que nous avançons vers l’inconnu et nous ne savons pas quel prix la Tunisie devra payer en cas d’énième erreur».
En d’autres termes, Zied Ladhari n’est pas d’accord avec le choix de Habib Jemli, imposé par Rached Ghannouchi, pour présider le prochain gouvernement, bien que d’autres candidats aient été proposés par le conseil Choura, beaucoup plus compétents et plus expérimentés.
L’ inquiétude et l’opposition du député se sont traduites par la démission, probablement pour ne pas avoir à assumer le choix du cheikh islamiste qui a désigné une personnalité effacée et qui sera sous ses ordres sans rechigner.
Y. N.
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