La 34e édition des Journées de l’Entreprise (JES2019) a démarré ce matin vendredi 6 décembre 2019 à Sousse sous le thème «L’Entreprise et le nouveau rôle de l’État», avec des interventions de personnalités tunisiennes et étrangères. Reportage…
Par Amina Mkada
L’ouverture des JES2019 s’est faite en présence de Mohamed Ennaceur, ancien président de la République par intérim, Youssef Chahed, chef du gouvernement chargé de la gestion des affaires courantes, Abdullah Gül, ancien président de Turquie et Alexis Tsipras, ancien Premier ministre de Grèce.
Le thème de cette 1ère journée est «Crise politique: pour un État efficace». Une crise qui, rappelons les termes même cités dans le programme des JSE2019, «génère de nouvelles attentes à l’égard d’un État efficace qui assure la stabilité et l’efficacité des institutions publiques, la mise en place des réformes annoncées, et les alternatives pour y remédier».
Tahar Bayahi : dépasser le profond déficit de confiance du peuple envers l’Etat
Sur ce point particulier, Tahar Bayahi, président de l’Institut arabe des chefs d’entreprises (Iace) organisateur des JSE2019, a indiqué que la Tunisie traverse une crise politique des plus aiguës dont sont conscientes toutes les couches de la société tunisienne. Une crise qui se trouve surtout dans un profond déficit de confiance du peuple envers l’Etat, une crise qui n’est pas seulement politique mais quasi-générale, a souligné M. Bayahi. Sans sacrifier au pessimisme ambiant, le président de l’IACE a mis le doigt sur la plaie en incitant l’Etat à adopter une vision économique et politique plus nette, plus «fonceuse», capable d’insuffler une nouvelle dynamique dans le pays, capable de créer de l’emploi, de la richesse et de la valeur au sein de la société, notamment chez les jeunes.
Nafaa Ennaifar : mettre en route sans attendre les réformes structurelles
Le 2e intervenant, Nafaa Ennaifar, coordinateur des JES2019, a fait un état des problèmes socio-économiques qui se sont accumulés en Tunisie au cours des 10 dernières années, mettant en exergue la nécessité absolue pour l’Etat de mettre en route sans attendre les réformes structurelles longtemps reportées, sur la base d’actions concrètes et courageuses.
Youssef Chahed : maintenir et poursuivre les réformes entreprises par l’Etat
Quant à Youssef Chahed, il a insisté sur la nécessité de maintenir et de poursuivre les réformes entreprises par l’Etat, notamment dans le rééquilibrage des finances publiques, la numérisation de l’administration et le développement des énergies renouvelables, notamment solaires. Il a également évoqué le volet politique, notamment celui concernant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), insistant sur la nécessité absolue de réviser son règlement intérieur, d’adopter le projet d’organisation des partis politiques, et de revoir la loi électorale.
Répondant à la question à l’ordre du jour sur le rôle de l’Etat et la situation des entreprises publiques en difficulté , M. Chahed a estimé qu’il faut laisser les activités concurrentielles au secteur privé, et les secteurs sociaux et stratégiques de l’économie du pays à l’Etat.
Abdullah Gül : miser sur les jeunes, véritable pilier du développement
Une intervention non moins remarquable a été celle d’Abdullah Gül. Celui-ci, à l’image de son nom (Gül en turc veut dire la rose), s’est voulu encourageant et optimiste, en mettant l’accent sur la réussite du processus démocratique de la Tunisie qui nécessite toutefois une réforme parallèle des mentalités, devant aller de pair avec celle de l’administration et des aspects structurels et juridiques.
L’ancien président turc a également insisté sur la nécessité pour la Tunisie de diversifier ses investissements, d’enraciner la culture de la paix et de la libre expression, de mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD), et surtout de miser sur les jeunes, véritable pilier sur lequel doit reposer le développement et l’avenir du pays.
Alexis Tsipras : les problèmes de la jeunesse tunisienne doivent être traités avec sérieux
Quant à Alexis Tsipras, dont le pays, la Grèce, a été secouée par une des crises (de la dette) les plus douloureuses de son histoire lors du célèbre Grexit ayant également mis en branle l’Union européenne (UE), il soutient que la Tunisie doit attaquer ses problèmes de front avec de l’audace et du courage, prendre ses problèmes à bras le corps, et éviter d’être dépendante du Fonds monétaire international (FMI). Et pour cause! Et comme l’a souligné aussi Abdullah Gül, les nombreux problèmes de la jeunesse tunisienne doivent absolument être traités avec beaucoup de sérieux, notamment le chômage et la fuite des cerveaux, ce qui constitue un vrai handicap pour le développement du pays.
Notons que les JSE2019 se poursuivront demain, samedi 7 décembre, autour de 2 thèmes: « Crise technologique: la transformation de l’Etat »; et « Crise des valeurs: vers un Etat régulateur ».
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