La photo a provoqué une vive polémique voire beaucoup d’indignation, et pas seulement à Kasserine : on y voit Mohamed Salah Letifi alias Stayech, l’un des barons de la contrebande à Kasserine, en train de décorer des agents de la Douane tunisienne.
Par Imed Bahri
Cela s’est passé hier, vendredi 6 décembre 2019, à Kasserine, à l’occasion de la célébration du 65e anniversaire de la Douane tunisienne et, selon certaines sources, Staiech est venu à la cérémonie à l’invitation du directeur régional de la Douane à Kasserine, ce qui soulève des questions sur la nature des relations entre les deux hommes.
La contrebande mène à tout
Mohamed Salah Letifi alias Staiech est l’un des barons de la contrebande à Kasserine, gouvernorat limitrophe de l’Algérie. Il s’est en quelque sorte anobli en se faisant élire, le 6 décembre dernier, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) sur une liste du Parti socialiste destourien (PSD), du nom de l’ancien parti ayant gouverné la Tunisie depuis l’indépendance en 1956 jusqu’à 1987.
En d’autres termes, l’homme, qui ne se doute de rien et croit à sa bonne étoile, revendique, en quelque sorte, l’héritage de Bourguiba. A ce rythme là, il aura bientôt la couverture du magazine « Leaders » et pourra même, avec un petit coup de pouce de certains médias, se présenter, en 2024, à l’élection présidentielle…
Stayech ne nie pas son passé de contrebandier, mais il ne cesse de répéter à qui veuille bien l’entendre qu’il a rompu avec l’activité de la contrebande – ce que beaucoup de Kasserinois démentent formellement – et qu’il est devenu un honorable homme d’affaires ou, pour être plus juste, un petit affairiste.
Une démocratie d’opérette à la Tunisienne
A l’occasion de son élection, en septembre dernier, l’honorable M. Stayech a sacrifié, pour la baraka, des dizaines de moutons et offert un immense banquet pour tous ses obligés à Kasserine, c’est-à-dire la crème des contrebandiers de la région et une poignée d’opportunistes parmi les cadres et les employés de l’administration publique locale qu’il a su soudoyer.
Souriez, vous êtes bien en Tunisie, la première démocratie (d’opérette) dans le monde arabe !
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