D’une équipe stressée et maladroite contre Al-Hilal à une formation libérée et victorieuse avec le score et la manière en match pour la 5e place contre Al-Sadd, l’Espérance sportive de Tunis (EST) a réalisé un parcours mitigé, n’ayant pas atteint son objectif pour sa… troisième participation à la Coupe du monde des clubs!
Par Hassen Mzoughi
Après son match décevant en quart de finale face aux Saoudiens d’Al-Hilal, samedi dernier, l’Espérance a offert du spectacle lors de son match pour la 5e place contre Al-Sadd au Mondial des clubs de la Fifa 2019, hier mardi 17 décembre 2019, au stade Khalifa, à Doha, au Qatar.
Le champion d’Afrique s’est imposé 6-2, avec un triplé de Hamdou Elhouni (6′, 42’, 74’), un doublé d’Anice Badri (13’, 25’ sp) et un sixième but de Sameh Derbali à 4 minutes de la fin de la rencontre. Les Qataris ont réduit la marque sur 2 penaltys par Baghdad Bounedjah (32’) et Hassan Al Haydos (49’).
Maigre consolation pour une formation «sang et or» partie avec l’ambition de terminer dans le dernier carré, mais le club tunisien a obtenu une belle victoire avec la manière et le score, dans un match jamais réalisé auparavant au Mondial des clubs, avec le triplé de son attaquant libyen Elhouni qui devient le 4e joueur à marquer un triplé dans la compétition après Cristiano Ronaldo en finale 2016 (Real Madrid) contre le club japonais Kashima, Gareth Bale (Real Madrid) l’année dernière en demi-finale contre Kashima et Luis Suarez contre le club chinois de Gwanju Evergrand en demi-finale 2015 (Barcelone).
Des joueurs «libérés»
Le changement est évident. Entre une formation qui a raté son premier match, clé de la demi-finale, et celle ayant complètement réussi le match de classement, la différence est frappante. Contre Al-Hilal, la pression était énorme.
L’EST «n’avait pas le droit à l’erreur», ont affirmé dirigeants et supporteurs, la veille de ce match d’ouverture face aux Saoudiens, après les deux échecs en matches d’ouverture en 2011 et 2018.
L’angoisse était par ailleurs totale au sein de l’équipe d’Al-Hilal avec une entame de match catastrophique à l’image de son gardien auteur de deux bourdes en guise de deux cadeaux à l’EST. Avec la différence que le club Tunisien n’a pas su en profiter pour faire la décision alors que le nouveau champion d’Asie a su se libérer par la suite pour imposer son ascendant technique et psychologique et l’emporter face à une équipe «sang et or» petit à petit gagnée par le doute.
Le facteur psychologique a porté hier, lors du match face à la formation qatarie d’Al-Sadd, apparemment diminuée physiquement. Oubliée la petite prestation du match d’ouverture, sans doute mis en confiance par les dirigeants et le staff technique, les joueurs se sont libérés pour réussir une bonne prestation, avec le score, une étonnante facilité de manœuvre et une grande réussite. Quel était alors l’intérêt de mettre tant de pression sur l’équipe la veille du premier match ?
L’Asie n’est pas l’Afrique
On ne justifie rien, on ne cherche aucun alibi à l’EST mais l’approche de cette Coupe du monde aurait dû être différente. Le club tunisois avait fait deux essais avant l’édition 2019 et il savait que le football en Asie n’est pas le même qu’en Afrique.
Dans le continent asiatique, notamment en Arabie Saoudite et au Qatar, les clubs phares ont des budgets énormes. Ils font venir des cadres techniques de haut niveau (des staffs entiers allant de l’entraîneur principal, des différents assistants aux staffs médicaux), et s’offrent des infrastructures ultramodernes. De plus, les joueurs locaux jadis techniquement et physiquement de niveau moyen, sont beaucoup mieux préparés et rivalisent avec les recrues étrangères, en majorité des sud-américains.
En Afrique, les meilleurs clubs engagés en coupes continentales ont des difficultés budgétaires, les joueurs sont quelques fois non payés, le cadre technique laisse à désirer et l’infrastructure est médiocre, à part quelques petites exceptions en Egypte, Algérie, Maroc ou en Afrique du Sud.
L’EST a certes réagi après son premier match décevant; elle a battu le demi-finaliste des deux dernières ligues des champions asiatiques, mais son bilan est mitigé parce que tout simplement elle n’a pas atteint le carré d’or, comme cela était son but. Elle a manqué pour la troisième fois son premier match du Mondial des clubs. Avec davantage de rigueur et un peu de chance, avec moins de «folie» et plus d’humilité quand il s’agit d’aborder ce mondial, qui est totalement différent de la Ligue des champions africaine, les «Sang et or» pourront franchir le palier.
Donnez votre avis