Ayant l’intention de se proposer comme «un contributeur de choix dans le débat public et dans la relance économique» de la Tunisie, la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat) a tenu hier, 20 décembre 2019, à l’hôtel Novotel de Tunis, une rencontre-petit déjeuné avec les médias dédiée au lancement et à la présentation de la première version de sa nouvelle note trimestrielle sur la conjoncture économique nationale et internationale.
Par Cherif Ben Younès
La structure de prospective, de veille et d’analyse économiques est un projet qui est né au sein de la Biat il y a deux ans, comme l’affirme Elyes Ben Rayana, membre du conseil d’administration de la banque. L’objectif étant de contribuer, de manière active, au développement économique et social de la Tunisie, au-delà de l’activité bancaire «classique», qui consiste, entre autres, à financer et à accompagner les clients.
«Décrypter les évolutions économiques et démystifier certaines idées reçues»
Le banquier a assuré, par ailleurs, que cette initiative a été mise en place dans le but d’amener des propositions concrètes, dans l’optique de contribuer au débat public et de proposer des pistes en relation avec la dynamique économique tunisienne. «Une structure qui a pour missions de décrypter les évolutions économiques et monétaires, de diffuser et d’ancrer la connaissance économique et de démystifier certaines idées reçues», lit-on également dans le communiqué de presse relatif à la rencontre.
«Financer l’économie du pays est, aujourd’hui, un élément clé, et notre rôle en tant que [dirigeants d’une] banque tunisienne fait que nous ayons encore plus de responsabilités par rapport au développement économique», a, d’autre part, lancé M. Ben Rayana, rappelant qu’à cet effet, une autre initiative avait également vu le jour, depuis 2013, à savoir la Fondation Biat, «qui a particulièrement aidé à consolider le système de l’éducation et celui de l’entrepreneuriat en Tunisie», s’est-il félicité.
Le bilan est négatif mais il y a des signes encourageants
Le contenu de la note de conjoncture ayant fait l’objet de la rencontre a été présenté par Oualid Jaafar, responsable veille et recherches économiques à la Biat.
La note consiste, en effet, en un document de 43 pages dont la majeure partie est consacrée à la conjoncture nationale, à travers une étude portant sur 7 thèmes : la croissance économique, la position extérieure (paiements courants, balance commerciale, investissements étrangers, etc.), l’inflation, la politique monétaire, la liquidité, le système bancaire et les finances publiques.
Le document rappelle, par exemple, que la croissance économique tunisienne a ralenti à 1,1% au premier semestre de 2019, atteignant ainsi son pire bilan depuis 2016.
Cela s’explique, selon l’étude, principalement, par la confirmation de la contre-performance du secteur de l’industrie, aussi bien pour les industries manufacturières que les non manufacturières, ainsi que le ralentissement de l’activité observée au niveau des principaux partenaires de la Tunisie et son impact potentiel sur la demande extérieure.
En revanche, l’agriculture a connu «une reprise», et ce grâce à la production céréalière et à la récolte record d’olives, dont les impacts commenceront à se matérialiser au début de l’année 2020, toujours selon cette note de conjoncture
Une étude qui se veut objective
A travers plusieurs autres indicateurs économiques révélateurs, la Biat a surtout essayé, dans ce document, d’offrir une étude objective, en essayant de se distinguer de certaines analyses populistes ou – au contraire – exagérément pessimistes.
L’accent a donc été aussi bien mis sur les chiffres encourageants (comme la baisse du déficit du paiement courant ou encore la baisse de l’inflation) que sur les constats négatifs (à l’instar de l’augmentation du déficit de la balance commerciale des biens ou des difficultés d’atteindre les objectifs fixés en vue de pallier le déficit budgétaire dû).
Sans grande surprise, le bilan de la situation économique tunisienne est tout de même alarmant, et nécessitant, plus que jamais, la mobilisation de toutes les parties prenantes pouvant contribuer, de près ou de loin, à l’amélioration de la situation.
La conjoncture internationale a, pour sa part, été brièvement évoquée (du moins en comparaison avec son homologue nationale), via 3 pages dudit document.
La Biat assure, dans ce cadre, qu’à l’échelle mondiale, il y a des signes de fragilité de l’économie, du fait notamment des tensions politico-économiques, à l’image du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine ou encore du Brexit.
Du bon travail… avec une marge de progression
En définitive, le nouveau document de la Biat reflète un bon travail réalisé, surtout au niveau de la recherche et de la collecte de l’information, pas toujours évidente à trouver.
Pertinente et présentée de manière simple et claire, cette étude est destinée au grand public et est à mettre entre toutes les mains. Ce qui fait également l’une de ses forces.
Elle nous laisse toutefois sur notre faim, étant peu généreuse par rapport à la proposition de solutions. La Tunisie n’a pas uniquement besoin de comprendre ou de mieux connaître ses maux économiques, mais également de savoir les dépasser.
Cela laisse donc une grande marge de progression pour la Biat en vue d’améliorer les prochaines éditions de cette belle initiative.
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