Durant l’année 2019, l’activité de la Bourse de Tunis a connu des moments difficiles et une volatilité sans précédent. Des aléas de tous genres, surtout sur le plan national, qui ont affecté brusquement le volume des échanges et la tendance générale des indices.
C’est ce qui ressort du rapport sur l’activité boursière en 2019 publié par la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT), diffusé hier soir, mardi 31 décembre 2019. Nous reproduisons ci-dessous le rapport dans son intégralité.
Les perspectives économiques internationales, affectées par le Brexit et les frictions entre Washington et Pékin qui ont entraîné une hausse des tarifs douaniers et encorné la confiance des investisseurs, ne devraient pas permettre à l’économie mondiale de croître à plus de 3% après avoir enregistré 3,6% en 2018; soit le rythme le plus faible depuis la crise de 2008. Il est même attendu que les tensions commerciales ôtent 0,8 points de PIB à la croissance mondiale en 2020.
N’eut été la politique monétaire accommodante aux Etats-Unis et dans de nombreux autres pays avancés et émergents, la croissance mondiale aurait été plus faible de 0,5 points de PIB aussi bien en 2019 qu’en 2020.
La croissance américaine, portée par la demande intérieure et par son marché de l’emploi, a connu un rythme soutenu et devrait atteindre un taux de 2,4%. Dans la zone euro, la croissance du PIB ne devrait pas dépasser 1,2% faute de demande extérieure suffisante mais devrait remonter légèrement à 1,4% en 2020.
La croissance en 2019 a été révisée à la baisse de 4,5% en 2018 à 3,9% en 2019 dans les pays émergents et en développement, en partie à cause des incertitudes liées aux politiques commerciales et nationales. En Chine, la baisse de la croissance s’explique non seulement par la hausse des tarifs douaniers et l’issue incertaine des négociations entre Washington et Pékin, qui ont incité les entreprises à limiter ou à reporter leurs achats de biens d’équipements, mais aussi par le ralentissement de la demande intérieure. Les pays asiatiques émergents et en développement restent les moteurs de l’économie mondiale, même si la Chine semble entrer dans une phase de «ralentissement structurel».
La Tunisie, les prévisions de croissance pour l’année 2019 ont été nettement revues à la baisse à 1,4% contre 2,5% réalisés en 2018. Cette régression, s’explique, d’une part, par la baisse de la récolte d’olives à huile et de la production des hydrocarbures et, d’autre part, par le ralentissement de la demande extérieure, notamment celle de la Zone Euro (principaux pays partenaires de la Tunisie, notamment l’Allemagne pour le secteur automobile), qui a impacté négativement les industries manufacturières destinées à l’export.
La baisse de la croissance n’a pas pu être évitée, malgré la croissance de la dépense publique, l’excellente tenue des secteurs touristique et agricole et le retour progressif de la production du phosphate et dérivés.
Le taux d’investissement a continué son trend baissier, en relation avec l’attentisme des investisseurs, les difficultés de la conjoncture et aux restrictions sur la distribution du crédit, conjugués avec le climat d’incertitude politique lié aux échéances électorales.
Sur les neuf premiers mois de 2019, l’inflation moyenne est revenue à 6,9% contre 7,3% à la même période de l’année précédente et ce, suite à la décélération des prix de produits alimentaires, du transport, des loisirs et culture et de l’enseignement.
Côté Finances Publiques, les efforts de recouvrement et la hausse des recettes fiscales ont permis d’améliorer les ressources propres de l’Etat et de ramener le déficit budgétaire à un taux de 3,5% contre un taux de 3,9% prévu dans la loi de finances pour 2019. Ces efforts ont également permis de réduire le taux d’endettement de 77% en 2018 à 75% en 2019.
En 2019, la progression des dépenses de fonctionnement (+13,6%) a déséquilibré la structure des finances publiques, limitant la croissance des dépenses d’investissement à (+5,1%).
Sur le volet monétaire, la politique monétaire restrictive de l’Institut d’émission pour apaiser les tensions inflationnistes commence à porter ses fruits mais au prix d’un renchérissement du coût de financement et défavorisant les concours à l’économie dont la croissance est revenue à 2,4% durant les neuf premiers mois de l’année 2019 contre 6,6% durant la même période de l’année 2018.
Quant au Dinar Tunisien (DT), il est entrain de reprendre des forces après avoir dégringolé ces dernières années face aux principales monnaies étrangères. Par rapport à fin décembre 2018, le Dinar s’est apprécié sur le marché interbancaire de 9,2% par rapport à l’Euro et de 6,3% par rapport au Dollar américain (27/12/2019).
L’investisseur désorienté par le manque de visibilité
L’activité boursière a été marquée en 2019 par une conjoncture nationale très difficile pour l’investisseur désorienté par le manque de visibilité et le climat d’attentisme, favorisés par les échéances électorales, ainsi que par le mouvement haussier des taux et par conséquent un arbitrage des investisseurs en faveur des placements monétaires.
Malgré cette situation, la performance globale des sociétés cotées n’a baissé que modérément, avec des résultats semestriels en baisse de 6,2% mais le revenu global en hausse de 8,5% pour les trois premiers trimestres de 2019.
Au terme de l’année 2019, l’activité boursière a clôturé l’année 2019 sur une note légèrement défavorable avec un Tunindex en baisse de 2,06% après avoir progressé de 15,76% et 14,45% respectivement en 2018 et 2017.
En 2019, le montant global des émissions réalisées par les sociétés cotées et autorisées par le Conseil du marché financier (CMF, fin novembre 2019) a atteint 885 millions de dinars tunisiens (MDT) pour 26 opérations. Ce nombre est réparti entre 8 emprunts obligataires qui ont porté au total sur 280MDT, un emprunt obligataire émis selon les principes de la finance islamique et un titre participatif pour un montant de 25MDT, et 16 augmentations de capital pour 580MDT.
L’indice Tunindex : une évolution en dent de scie
L’indice Tunindex a évolué durant l’année 2019 en dent de scie, clôturant en régression de 2,06% à 7 122,09 points, et ce après des hausses consécutives de 15,76% et 14,45% durant 2018 et 2017.
Après une forte baisse durant le premier trimestre de l’année 2019 (-6,66% au 19 mars 2019), l’indice Tunindex a pu inverser sa tendance pour atteindre son plus haut niveau annuel soit 7 278,89 point (16 juillet) et effacé la totalité de ses pertes (une hausse de 7,24% du 19 mars au 16 juillet), porté essentiellement par les publications des résultats des sociétés cotées au titre de l’exercice 2018 (+7,1% par rapport à l’année 2017) et les distributions des dividendes.
Durant le deuxième semestre, le Tunindex a subi principalement, les effets des tensions politiques à l’occasion de deux élections législative et présidentielle.
Son rendement annuel a clôturé 2019 sur une perte de 2,06%.
Durant l’année 2019, la monnaie nationale s’est appréciée par rapport aux deux principales monnaies étrangères à savoir l’Euro et le Dollar américain.
En conséquence, estimé en Dollar, le Tunindex a enregistré une hausse de 4,15% et estimé en Euro, il s’est apprécié de 6,98%.
L’indice Tunindex20 en repli de 3,70%
Le Tunindex20, composé des 20 plus grandes valeurs et les plus liquides sur le marché, a répliqué la tendance similaire de l’indice Tunindex. Il a clôturé l’année 2019 avec 3 128,47 points, enregistrant un repli de 3,70%.
Cette prestation est due à la régression des cours de la moitié des valeurs qui le composent notamment Carthage Cement (-42,23%), ICF (-27,43%), Magasin Général (-25,87%), Attijari Bank (-14,90%) et One Tech Holding (-13,23%).
Les indices sectoriels : un bilan au rouge
Le bilan annuel des indices sectoriels, publiés par la Bourse, est en rouge. Sur les 13 indices (secteurs et sous-secteurs), uniquement quatre indices ont réalisé une performance positive en 2019.
Pour les indices des sous-secteurs, l’indice «Assurances» s’est octroyé la meilleure performance avec une progression de 7,88% et l’indice «Produits ménagers et de soin personnel» a évolué de 5,19%.
À l’exception de l’indice «Matériaux de Base», qui a réalisé un gain de 1,39%, tous les autres indices de super-secteurs ont réalisé des performances négatives. L’indice «Industries» a réalisé la plus forte régression, soit une baisse de 14,83%, suivi de l’indice «Services aux consommateurs» avec un repli de 14,69% et de l’indice «Sociétés financières» avec une légère baisse de 0,37%.
Evolution de la capitalisation boursière du marché
La capitalisation boursière du marché a baissé de 2,69% soit 656MD, pour s’établir à 23.724 MDT contre 24.380 MDT à la fin de l’année 2018.
Cette baisse est due principalement à une baisse généralisée des cours sur la place de Tunis, mais aussi à la radiation de la société Elbene Industrie et ce suite à une demande qui émane de ladite société.
Les Sociétés Financières dominent encore la capitalisation du marché avec une part de 50,7%, suivies par les Biens de Consommation et l’Industrie qui s’accaparent respectivement 35,6% et 7,1%.
Les dix plus fortes capitalisations boursières de la Cote ont représenté une part de 62,9% de la capitalisation globale du marché pour une valeur de 14.921 MDT.
Le volume des échanges en repli de 12,2%
Durant l’année 2019, le volume global des échanges a enregistré un repli de 12,2% pour atteindre 3.367 MDT contre 3.837 MDT en 2018.
Les volumes échangés sur la Cote de la Bourse ont accaparé 47,2% du volume global des échanges, 7% sur le Hors-Cote et 46,8% pour les enregistrements et les déclarations.
Le volume des échanges en baisse de 36,9%
Sur la Cote de la Bourse, le volume des échanges a baissé en 2019 de 36,9% pour atteindre 1.590 MDT contre 2.521 MDT en 2018, soit un volume moyen quotidien de 6,4 MDT contre 10,1 MDT en 2018.
Les échanges de titres de capital ont représenté 84% du volume des échanges sur la Cote de la Bourse pour un montant de 1.329 MDT contre 1.899 MDT en 2018.
Les transactions de blocs ont représenté une part de 34% du volume des échanges sur les titres de capital et une part de 29% sur la Cote de la Bourse, soit 456 MDT contre 470 MDT en 2018.
Quant à la part des transactions sur les titres de créances, elle a représenté 16% du volume traité sur la Cote, soit 261 MDT en 2019 contre 621 MDT en 2018.
Répartis par secteur, les échanges sur titres de capital ont été dominés par le secteur «Biens de Consommation» de qui a accaparé 31,9% du volume des échanges sur la Cote, soit 424 MDT, suivis par secteur «Finances» représentant 28% du volume et le secteur «Santé» avec une part de 10,9%.
Les échanges sur les titres de capital ont été dominés par les Tunisiens avec une part de 72,2% du volume, suivi des OPCVM avec une part de 13,4%. Les étrangers ont accaparé une part de 12,8% du volume sur les titres de capital.
Volume des échanges sur le marché Hors Cote et opérations d’enregistrements et de déclarations
Le montant des transactions sur le marché Hors Cote a augmenté de 22,5% pour atteindre 203 MDT contre 166 MDT en 2018.
Les opérations d’enregistrement et les déclarations ont porté sur un montant de 1 574 MDT contre 1.151 MDT pour l’année 2018, soit une progression de 36,8%.
Comportement des Actions Cotées
La balance des variations des cours durant l’année 2019 a été légèrement plus marquée par les baisses qui ont touché 44 valeurs, que par les hausses de 37 valeurs.
Les valeurs les plus performantes durant l’année 2019 sont Cellcom qui a clôturé l’année avec un rendement de 147,3%, suivi de MPBS avec 91,5% et Siphat avec 76,5%.
En revanche, la baisse la plus importante a touché les titres Servicom, MIP et UADH qui se sont repliés respectivement de 66,8%, 63,3% et 49,7%.
La participation étrangère
Les acquisitions effectuées en 2019 par les étrangers sur les titres cotés, ont totalisé un montant de 189,7 MDT contre des cessions de 151,7 MDT; ce qui a fait ressortir un solde net positif de 38 MDT.
La capitalisation boursière détenue par les étrangers est passée à 5.867 MDT représentant 24,73% de la capitalisation globale du marché contre 6.071 MDT et une part de 24,90% en 2018.
Source : communiqué.
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