C’est le jour J. Aujourd’hui, vendredi 10 janvier 2020, les députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) voteront la confiance au gouvernement Jemli. Tout indique que ce dernier ne passera pas. Sauf si…
Par Cherif Ben Younès
Dans leurs déclarations médiatiques, Habib Jemli, chef du gouvernement désigné par Ennahdha, et Abdelkarim Harouni, président du Conseil de la Choura au sein du mouvement islamiste, semblent un peu trop optimistes quant aux chances de leur gouvernement proposé d’obtenir la confiance de l’ARP lors de la plénière consacrée à cet effet.
Rappelons qu’il faudra au moins le vote favorable de la majorité absolue des députés, soit 109 voix, pour que ce gouvernement passe.
Pourtant, au vu des déclarations des responsables des principaux blocs parlementaires, ce chiffre paraît difficile à obtenir…
Mathématiquement, le gouvernement ne devrait pas passer
En effet, les blocs démocrate (qui rassemble principalement Attayar et Echaâb et compte 41 sièges), de Qalb Tounes (38), du Parti destourien libre (17), de la Réforme nationale (15), de Tahya Tounes (14) et d’Al Mostakbal (9) ont tous assuré qu’ils ne donneront pas leur confiance au gouvernement Jemli.
Si on leur ajoute les 4 députés d’Errahma (parti de Saïd Jaziri), les 2 députés de la liste «Amal wa Âmal» (de Yassine Ayari), ainsi que le député indépendant Safi Saïd, ayant également affirmé qu’ils ne voteront pas la confiance, on aura un total de pas moins de 141 députés qui ne devraient pas voter la confiance.
Il ne reste donc que 76 députés qui devraient, pour leur part, voter en faveur du gouvernement Jemli, à savoir ceux d’Ennahdha (54 sièges), ceux de leurs «frères musulmans» d’Al Karama (19), ainsi que 3 autres indépendants. Un nombre loin d’être suffisant.
Il ne pourra passer que sous la table
Qu’est-ce qui explique donc l’optimisme de M. Jemli et d’Ennahdha ?
En fait, selon certains bruits provenant des coulisses du parlement, ceux-ci comptent sur les rebelles, principalement parmi les députés de Qalb Tounes, de la Réforme nationale et d’Al Mostakbal et peut-être des autres blocs. Des rebelles, ou devrait-on plutôt les appeler «des mercenaires» car, comme cela a été explicitement dit par le député Fayçal Tebbini, ce matin au parlement, les négociations pour «acheter» certaines voix sont déjà en cours.
Des propos qui ne doivent nous étonner quand on sait que ce genre de pratiques ont déjà eu lieu par le passé, lors des précédentes mandatures.
Les choses sont donc claires désormais : le passage de ce gouvernement se ferait forcément «sous la table», même si, au vu du grand nombre de voix «à acheter» (une quarantaine), ce scénario demeure très peu probable.
Donnez votre avis