Bien qu’il se soit particulièrement montré progressiste lors de sa campagne électorale de 2019, en ayant ouvertement soutenu l’égalité successorale entre les deux sexes ou encore la légalisation de l’homosexualité, Elyes Fakhfakh fait face aujourd’hui à des accusations qui le lient au mouvement conservateur, Ennahdha, un jour après sa désignation en tant que chef du gouvernement. Mais de la part de Mme Moussi, on doit s’attendre à tout…
Par Cherif Ben Younès
Dans une déclaration accordée au journal « Charaa Magharibi« , la présidente et députée du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, a assuré que son bloc parlementaire ne votera pas la confiance pour le gouvernement d’Elyes Fakhfakh, désigné hier, 20 janvier 2020, par le président de la république, Kaïs Saïed, en tant que chef du gouvernement.
Abir Moussi estime, en effet, que le dirigeant d’Ettakatol est en réalité le candidat non-annoncé de son ennemi juré, le mouvement Ennahdha. Il a été, selon elle, proposé par le parti islamiste dans le cadre d’une manœuvre politique, afin de brouiller les pistes.
La parenthèse de la «Troïka» pèse toujours dans l’esprit de certains
La politicienne controversée a, dans le même cadre, rappelé que Fakhfakh faisait partie des gouvernements nahdhaouis de Hamadi Jebali et Ali Larayedh, lorsqu’il était ministre du Tourisme puis des Finances à l’époque de la «Troïka».
Mme Moussi a, par conséquent, assuré que son parti sera dans l’opposition et qu’il n’est pas concerné par les concertations autour de la formation du prochain gouvernement, et ce conformément à son principe de ne jamais collaborer avec une personnalité ayant (eu) un lien, de près ou de loin, avec l’organisation des Frères musulmans, représentée, selon elle, en Tunisie, par Ennahdha.
Maintenant, à quel point les propos de l’ancienne secrétaire générale adjointe chargée de la femme au sein du RCD sont-ils vrais ? Difficile de répondre à cette question avec exactitude, mais il est quand même important de clarifier certains points afin de nuancer ses accusations…
Lors la gouvernance de la «Troïka», 2 partis étaient au pouvoir, aux côtés d’Ennahdha, et Fakhfakh était le ministre d’Ettakatol, ou Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), parti social-démocrate auquel on peut évidemment reprocher son alliance avec les islamistes, mais sans non plus prétendre que les deux partis n’en faisaient qu’un.
Cela est non seulement faux, mais aussi insensé puisque sur le plan idéologique, Ennahdha et Ettakatol sont totalement différents. C’est d’ailleurs probablement l’une des principales raisons pour lesquelles leur alliance contre-nature n’avait pas réussi.
L’hypothèse farfelue de Mme Moussi
Par ailleurs, l’hypothèse selon laquelle Fakhfakh est «secrètement» soutenu par Ennahdha, bien qu’elle ne soit pas suffisamment (voir pas du tout) argumentée par Abir Moussi, ne peut être écartée de façon totale et catégorique, car le mouvement islamiste a gardé de bons rapports avec le parti social-démocrate et notamment avec son fondateur, Mustapha Ben Jaafar, qui était même pressenti, à un certain moment, pour être le candidat d’Ennahdha à la présidentielle de 2019.
Cela dit, nous savons aussi qu’Ennahdha n’a pas accueilli favorablement la désignation de M. Fakhfakh et qu’il a fait pression jusqu’à hier après-midi pour faire nommer son véritable candidat, Fadhel Abdelkefi.
Ces précisions relativisent voire démentent les accusations pour le moins farfelues de Mme Moussi, qui nous a habitués à des déclarations fantaisistes et des affirmations ne tenant pas la route.
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