La vocation de notre pays, la Tunisie, déchiré entre deux positions idéologiques et politiques irréconciliables, c’est d’être porté par les femmes, plus aptes à être désintéressées que les hommes. Et pas seulement en politique.
Par Jamila Ben Mustapha *
À propos des funérailles de Lina Ben Mhenni, hier, mardi 28 janvier 2020, au cimetière d’El-Jellaz : courage féminin indéniable que celui de transporter le cercueil d’une camarade. C’est du «Tahar Haddad» en acte; c’est un geste qui regarde loin, très loin vers l’avenir. C’est le plus beau cadeau d’adieu qu’ont pu fournir les femmes à leur valeureuse compatriote. C’est l’image concrète et symbolique d’un pays en grande difficulté, porté à bout de bras par les femmes, depuis l’ouvrière agricole jusqu’à la chercheuse scientifique.
Rapprochement qui s’impose entre Lina Ben Mhenni et Maya Jribi : deux vraies militantes qui n’ont pas eu un but autre que celui de penser exclusivement à leur pays et de se soucier de l’intérêt général, sans penser à instrumentaliser ce militantisme pour servir leurs ambitions personnelles : les femmes seraient-elles plus aptes à être désintéressées en politique que les hommes?
Evaluons ensemble aussi l’efficacité du baume qu’a constitué la victoire de Ons Jabeur à l’Open d’Australie – encore une femme ! – à un moment où tout est morose en Tunisie, où le choix du nouveau chef de gouvernement n’a rien qui puisse redonner de l’espoir (à moins d’un miracle), vu ses positions passées, et où le pays reste déchiré entre deux positions idéologiques et politiques irréconciliables.
* Universitaire et écrivaine.
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