Sofiane Bouhdiba, professeur de démographie à l’Université de Tunis, vient de publier un nouveau livre intitulé ‘‘Mort barbare’’ traitant des aspects historiques, sociologiques et anthropologiques de la mort.
Méthodique, l’auteur nous entraîne avec érudition, mais également avec une grande sensibilité, dans un univers effrayant, peuplé d’arrêts de mort jaunis par le temps, de procès-verbaux sordides, de machines grinçantes, d’images insoutenables, de témoignages sinistres, et parfois d’émouvants repentirs.
Bien documenté, l’ouvrage examine l’histoire et les représentations des techniques de mise à mort «barbares» du passé : le pal, l’écartèlement, le sciage, la noyade, l’écorchage… L’auteur nous explique pourquoi ces peines capitales ont été abandonnées. Par humanité ? Certes, mais pour des raisons pratiques et économiques, aussi.
Ce livre original n’est point une réflexion de plus sur la peine de mort, l’ambition de l’auteur étant plutôt de témoigner du degré de civilisation atteint par les peuples à travers un examen critique des cultures de la cruauté, de l’antiquité à nos jours.
L’examen de la technique d’exécution capitale en usage dans une société donnée est riche en enseignements, puisqu’elle témoigne de l’histoire de ce peuple, de sa culture, et du degré de civilisation atteint. Observer les peines de mort permet également de mieux comprendre les ressorts des différentes cultures de la cruauté. C’est dans ce sens que le titre de l’ouvrage a été choisi, qualifiant de «barbares» certaines peines de mort prononcées autrefois à l’encontre des criminels, et tombées aujourd’hui en désuétude.
Le but de ce livre sera d’approcher au plus près du geste qui ôte la vie, en s’efforçant de ne négliger aucun aspect, ni humain, ni social, ni technique, ni même économique. C’est le pal, l’écartèlement, le sciage et autres terribles techniques de mise à mort qui ne sont plus d’usage aujourd’hui, qui retiennent l’attention de l’auteur tout au long de cet ouvrage.
Plus particulièrement, le but sera de tenter de comprendre pourquoi ces «morts barbares» ont été abandonnées. L’auteur tente ainsi d’expliquer pourquoi certaines peines, telles que l’écorchement, ont disparu en France dès le XVe siècle, tandis que d’autres, non moins cruelles, telles que la décapitation au sabre, sont encore en usage aujourd’hui dans certaines monarchies.
L’ouvrage est organisé en cinq grandes parties. L’auteur commence par examiner les mises à mort au moyen d’armes tranchantes. La deuxième partie est consacrée à la peine du feu, tandis que la troisième s’intéresse aux cruelles techniques d’exécution basées sur la dislocation du corps du condamné. Dans une quatrième partie, l’ouvrage examine les sentences de mort par asphyxie. L’ouvrage s’achève par quelques techniques d’exécution qui, trop spécifiques, n’ont pu être intégrées dans l’une des précédentes catégories.
Pour trouver réponses à ses questions, l’auteur a eu recours à des sources diverses : outre la documentation écrite, constituée d’un corpus impressionnant de livres récents ou anciens, d’archives, ou de littérature grise, il a consulté de très nombreux documents iconographiques, datant notamment de l’antiquité et du Moyen âge. C’est ainsi que l’observation de bas-reliefs, de gravures, de tableaux, ont permis de mieux observer – et comprendre – le geste du bourreau.
Sofiane Bouhdiba est aujourd’hui reconnu comme l’un des spécialistes mondiaux de l’histoire de la mortalité. Voyageur au long cours, il a enseigné dans de nombreuses universités en Europe, en Afrique et aux Etats Unis, et participé à des conférences internationales sur les thèmes de la mortalité et de la morbidité. Il est fasciné par la mort et passionné des situations extrêmes, sur lesquelles portent souvent ses travaux académiques
Source : communiqué.
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