A quelques jours de la plénière, qui sera consacrée au vote de confiance au gouvernement d’Elyes Fakhfakh, le désigné du président Saïed, Echaâb est l’un des partis qui ont le plus de chances d’en faire partie. Lui qui a, dès l’annonce des résultats des législatives, souhaité la mise en place d’un «gouvernement du président».
Présent cet après-midi du lundi, 10 février 2020 sur Shems FM, Zouhaïr Maghzaoui est revenu sur plusieurs détails concernant la position de son parti, Echaâb, par rapport au processus de formation du prochain gouvernement.
Le député et secrétaire général du mouvement nationaliste arabe a notamment indiqué qu’il a signifié au chef du gouvernement désigné, Elyes Fakhfakh, que sa proposition d’accorder la moitié des ministères à des personnalités politiques non-partisanes n’était pas pertinente.
Echaâb voudrait, en effet, que Fakhfakh se contente de nommer 8 ministres indépendants, y compris dans les départements de souveraineté, et que le reste du gouvernement soit formé par des politiciens partisans, afin que les différents partis qui le composeraient assument leurs responsabilités par la suite.
Un droit de «veto justifié» des noms proposés par Fakhfakh
Par ailleurs, Echaâb a surtout demandé le droit de «veto justifié», vis-à-vis de tous les noms proposés par Fakhfakh, avant leur passage devant le Parlement pour le vote de confiance, et ce à l’encontre, éventuellement, de toute personnalité soupçonnée de corruption ou manquant de compétence, ou encore – en ce qui concerne les ministères de souveraineté – contre celles qui ne seraient pas véritablement indépendantes.
La seule exception par rapport à ce dernier critère concerne Attayar, le partenaire parlementaire d’Echaâb. En effet, Maghzaoui a souligné que même s’il ne s’agit pas de la vision de son parti, ce dernier ne s’objecterait pas à ce qu’Attayar obtienne, comme il le souhaite, le ministère de la Justice.
Maghzaoui a, toutefois, déclaré dans le même cadre, qu’il faut être, en même temps, compréhensif par rapport à Fakhfakh, qui fait face aux demandes d’autres partis d’obtenir les départements de souveraineté, à l’instar d’Ennahdha et d’Al Karama qui ont dernièrement réclamé celui de l’Intérieur.
Ennahdha aimerait qu’Attayar n’obtienne pas le portefeuille de la Justice
«Je sais qu’Ennahdha aimerait qu’Attayar n’obtienne pas le portefeuille de la Justice et je sais également que ce mouvement veut être à la tête du ministère de l’Intérieur, et ce notamment pour des raisons ayant rapport avec des affaires judiciaires telles que les assassinats politiques ou l’envoi de combattants en Syrie», a-t-il ajouté.
Maghzaoui a, d’un autre côté, indiqué que le mouvement Echaâb avait encouragé Fahfakh, depuis le début du processus de formation du gouvernement, à élargir sa ceinture politique, mais qu’il a également salué son courage d’avoir choisi des partenaires bien déterminés.
«Notre désaccord avec Qalb Tounes ne concerne pas la corruption, mais nos orientations politiques. En ce qui concerne la corruption, le dossier [de son président Nabil Karoui, poursuivi pour des affaires de blanchiment d’argent, d’évasion fiscale et de financement étranger, ndlr] est entre les mains de la justice. Par ailleurs, ce fléau existe partout en Tunisie», a-t-il expliqué, sans, toutefois, se soucier, dans son argumentation, de l’image d’un tel gouvernement, qui serait assez incohérent s’il se propose comme une force luttant contre la corruption tout en comptant dans ses rangs un parti dont le président est accusé de corruption.
Même si, dans une certaine mesure, cela s’applique également au cas Ennahdha : un parti, dont certains dirigeants font également face à des accusations de corruption et d’autres crimes, qui fera pourtant partie d’un gouvernement voulant lutter, en théorie et en attendant la confirmation, contre l’impunité…
Cela peut donc, amener, d’un certain angle, un peu de cohérence aux propos de M. Maghzoui, pour qui les contraintes électorales peuvent expliquer de telles alliances.
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