La dictature de Yassine Ayari et son hostilité envers ses adversaires politiques sont les raisons communiquées par la députée Imen Bettaïeb et les 21 autres membres de Nabeul 1 pour justifier leur décision de démissionner du mouvement «Amal wa 3amal». Mais est-ce tout ?
Par Cherif Ben Younès
Le mouvement «Espoir et travail» (ou «Amal wa 3amal»), fondé par Yassine Ayari, a connu hier soir, mardi 18 février 2020, la démission collective de l’ensemble de ses membres appartenant à la circonscription Nabeul 1, dont notamment la députée Imen Bettaïeb.
Le principal motif avancé dans le communiqué annonçant cette démission est l’autocratie exercée par Yassine Ayari en interne, qui monopolise, selon les démissionnaires, les décisions importantes et vire tout membre qui le critique.
Une gestion autoritaire doublée d’une communication agressive
La députée Imen Bettaïeb ainsi que son équipe de travail sont également exclus de toutes les pages facebook officielles du mouvement, précise encore le communiqué.
Les membres de Nabeul 1 ont également dénoncé «le manque de transparence» dans le cadre des élections internes, «l’absence totale de structuration» au sein du mouvement, ainsi que les désignations faites «suivant la loyauté envers Yassine Ayari», plutôt que la compétence.
Les démissionnaires ont, enfin, exprimé leur mécontentement du style de communication de M. Ayari lorsqu’il critique ses adversaires politiques, estimant que cela est contraire à la déontologie politique et qu’il porte préjudice à l’image du mouvement et aux leurs.
Un drôle de reproche tout de même quand on sait que Yassine Ayari a toujours été comme ça. Son agressivité et son style provocateur ne datent pas d’hier et ont caractérisé ses sorties dans les médias et les réseaux sociaux depuis la révolution de 2011. Tout comme sa tendance à exclure les personnes qui le critiquaient de sa page facebook d’ailleurs…
Pourquoi donc avoir accepté, dès le départ, de faire partie de son mouvement ?
Ce qui a changé chez le jeune député, par contre, c’est l’identité de ses «ennemis»…
Les islamistes ne l’ont plus en odeur de sainteté
Alors qu’il a longtemps fait les yeux doux aux islamistes, ce qui a d’ailleurs attiré bon nombre des jeunes conservateurs vers son mouvement, Ayari fait aujourd’hui des représentants l’islam politique, notamment Ennahdha et Al Karama, ses principales cibles.
Est-ce la raison cachée de cette démission collective ? C’est probablement le cas de certains démissionnaires, surtout que la décision survient quelques jours seulement après une publication facebook de Yassine Ayari qui a particulièrement été contrariante pour les dirigeants d’Ennahdha.
Une publication où il a expliqué l’obstination du parti islamiste à vouloir obtenir le ministère des Technologies de la communication par son intention de contrôler malicieusement toutes les données sensibles et personnelles auxquelles ce département névralgique a accès.
Rappelons, par ailleurs, que «Amal wa 3amal» était représenté par deux élus à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) : Yassine Ayari et Imen Bettaïeb. Désormais, il ne reste donc plus que le premier.
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